Dans la grande famille du cinéma d’horreur, il existe ces films qui ne cherchent ni la perfection ni la cohérence, mais qui embrassent le chaos comme forme d'expression. Destroy All Neighbors, réalisé par Josh Forbes, appartient à cette catégorie de joyeuses anomalies.
William Brown (Jonah Ray), musicien raté et rongé par la frustration, voit sa vie basculer lorsqu’il commet l’irréparable : tuer son voisin infernal, Vlad (Alex Winter), un parasite sonore qui ne disparaîtra pas aussi facilement que prévu. Ce point de départ, digne d’un mauvais rêve imbibé de rock progressif, sert de prétexte à une déferlante de gore cartoonesque.
Le film ne cherche jamais à s’assagir, et c’est précisément ce qui fait sa force. Tout est excessif, outrancier, déglingué. La mise en scène de Josh Forbes est à l’image de son sujet : explosive, refusant toute logique. Alex Winter, en voisin insupportable revenu d’entre les morts, cabotine avec une démesure réjouissante, incarnant un cauchemar domestique à la croisée de Beetlejuice et d’un slasher sous acide.
La bande-son, signée Ryan Kattner et Brett Morris du groupe Man Man, enveloppe l’ensemble d’une énergie bordélique, renforçant cette impression d’un film qui avance en roue libre, incapable de se fixer une tonalité unique.
Car Destroy All Neighbors est un film de contradictions : mal dégrossi, bruyant, parfois même épuisant, mais jamais tiède. Ce n’est ni un grand film ni un film maîtrisé, et pourtant, dans son refus du bon goût et sa célébration du grotesque, il trouve une forme de sincérité rare. Comme un solo de guitare trop long, trop fort, trop maladroit, mais joué avec une telle ferveur qu’on ne peut s’empêcher de l’écouter jusqu’au bout.