Il est intéressant de voir qu'un film quo concentre un peu tout ce qui m'irrite l'ait finalement autant plu. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de le tourner en dérision...après tout, Deux Moi montre un peu tout le délire des parisiens qui pensent qu'avec un SMIC on peut vivre comme ça à Paris. Car oui, magasinier à Paris ou non ce n'est pas 3000 euros par mois qu'on se fait, en tous cas pas de quoi s'acheter tous les produits bien chers du petit épicier du coin, aller chez un psy probablement à plus de 80 euros la séance tout en vivant dans un appartement bien grand. De même, malgré leur travail demandeur, les deux protagonistes semblent avoir plutôt pas mal de temps dans leur vie.
A ce compte là, ouaip, le film est bien celui du cinéaste parisien classique, un grand n'importe quoi sur le plan pratique… Mais est-ce que cela en fait un film raté ? Eh bien non.


Pourquoi ?


Parce que ce n'est pas le sujet du film qui est plutôt une sorte de fable à l'échange au sens relationnel mais aussi plus large. Et je dis bien fable car le film est vraiment construit ainsi, avec par exemple cet épicier comme "bonne fée" du film, accompagnant les héros dans leur parcours d'initiation, partageant avec le spectateur une pensée sincère et pas si caricaturale que cela même s'il ne fait que rabâcher des effets déjà connus des réseaux sociaux et compagnie.
Alors oui, l'imagerie n'est pas très nuancée mais c'est à mon sens nécessaire quand l'on veut proposer un film percutant et sa vision personnelle assumée. Car au fond, il n'y a pas d'orientation plus ou moins bonne, il y a surtout des films dont la réalisation est en phase avec leur intention et d'autres qui ne le sont pas.


Or ici, il faut se l'avouer, la convergence de ces deux "moi" se fait de façon harmonieuse et élégante, progressive sans en faire un rail aliéné à cette rencontre. En fait, cette rencontre sera seulement un petit bonus, les enjeux étant plutôt affichés des deux côtés autour de cette perte de sens, du fait d'oser "toucher", de s'autoriser à vivre, d'accepter l'incertitude.
En plus d'être harmonieuse, cette évolution n'est pas non plus excessivement lourde ou confiante. Ici, le réalisateur propose malgré tout un film assez humble, faisant place à l'humour léger centré sur deux personnes et partageant sa vision, plutôt juste à la marge selon moi, sans se prétendre non plus érudit en jouant avec des sophismes audiovisuels.


Un joli film qui parlera à pas mal de personnes de cette tranche d'âge (avec la situation qui permet de genre de "futilités") qui donne envie d'être revu. 7,5/10

Foulcher
7
Écrit par

Créée

le 25 sept. 2019

Critique lue 181 fois

Foulcher

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