Dans sa longue visite des films qu'aime QT, il était inévitable qu'il s'attaque au Western Spaghetti, en particulier aux films de Corbucci, grand faiseur du genre. Et il se trouve que ce dernier avait réalisé Django, avec Franco Nero dans le rôle-titre (d'ailleurs, il a droit à un cameo savoureux dans ce film-là). Donc, tout était fait pour qu'il fasse une nouvelle version de Django, plus axée sur la vengeance.

Tout le film repose sur la relation entre Django (J.Foxx, avec un balai) et King Schultz (C.Waltz, fantastique en Jiminy Cricket de la morale) afin que le premier récupère sa femme des griffes de Calvin Candie (L.DiCaprio, génial aussi, car jouant beaucoup sur l'imprévisibilité de son personnage).
QT oblige, on a droit à des trognes improbables, comme Don Johnson, Michael Parks, Don Savini et un étonnant Samuel Jackson qui est grimé en serviteur de Calvin Candie.

La première demi-heure est épatante, avec l'arrivée en scène de King Schultz, qui va apprendre à Django l'art de tuer, mais toujours avec cet humour froid et ce décalage qui caractérise Tarantino, sur fond de musique cool. Waltz, à l'instar de Uma Thurman, est clairement une muse pour le réalisateur, qui lui écrit des rôles étonnants sur ce présumé dentiste qui devient chasseur de primes.
Comme je le disais, ça reste drôle, mais sur des sujets dont on ne peut pas se moquer, comme sur le passage à la Ku Klux Klan où des types s'engueulent car ils n'ont clairement pas les yeux en face des trous, et ne voient rien à travers leurs capuches.
La violence est aussi au rendez-vous, et même si ça reste clairement exagéré, ça a côté catharsis de voir les méchants mourir, dans des combats vraiment dantesques, mais il y a comme un côté expédié là-dedans, comme si QT a voulu sciemment court-circuiter l'effet attendu.
Western Spaghetti oblige, le film use des clichés des films l'époque, avec les fameux zooms avant et arrière (accompagnés d'un "woosh" pour la vitesse du zoom), des gueules de pouilleux à tout va, et des décors souvent somptueux mis à la disposition de l'histoire.
D'ailleurs, l'esclavage est en toile de fond du film. Polémique ou pas, je m'en tamponne, mais c'est assez soulant d'entendre environ 727 fois le mot "nègre" décliné à toutes les sauces. Oui, c'est le nom donné aux esclaves de couleur noire, me dira-t-on, mais est-ce que QT n'en profite pas un peu derrière tout ça pour sonner cool ?

Le plus gros problème du film reste pour moi son rythme bancal avec les séquences d'actions qui marchent très bien, mais les scènes de dialogues, spécialité du réalisateur, sont souvent loupées, contrairement à un Inglourious Basterds.
La scène pivot du film est un diner entre les personnages de Waltz, DiCaprio et Foxx, sur un possible achat d'otage. Et la tension ne se fait que peu ressentir, car il y a un peu trop de mou, ça ne sonne pas juste. Je pense que le décès de la monteuse attitrée de Tarantino, Sally Menke, a joué dans le manque de réussite du film, car elle fut le bras armé de son réalisateur et savait rythmer comme personne une scène de dialogue de manière à ce qu'elle passe comme de l'action.

Ce rythme haché, ajouté à une dernière partie un peu inutile, fait que j'ai pris moins de plaisir que dans Inglourious, mais en-dehors de ça, c'est un très bon film, porté par des interprétations magistrales de ses acteurs et le dialogue toujours aussi percutant de QT, mais je ne sais pas si dernier va être pénalisé désormais de l'absence de sa monteuse attitrée.
Boubakar
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le 20 janv. 2013

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Boubakar

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