Ahhh, Django. Réalisé par Quentin Tarantino, sorti en 2012, Django Unchained est un western se déroulant quelques années avant la Guerre de Sécession, et relatant l'histoire de Django, un esclave qui, libéré par le Dr. Schultz, un chasseur de prime, se met en tête de retrouver sa femme esclave dans la plantation du cruel Calvin J. Candie... Le film commence par une longue scène d'exposition, teintée d'humour noir comme le reste du long métrage, ainsi qu’une manière de montrer les personnages de façon épique. En effet Django, interprété par Jamie Foxx, est un homme particulièrement charismatique, déterminé et courageux, et souvent mit en scène de façon héroïque. Il reste un anti-héros car prêt à tout pour sauver sa femme, mais la manière dont Tarantino le film le met grandement en avant. Avec lui, le complexe Dr. Schultz, dont l'empathie pour la situation de Django est aussi forte que sa répartie et son humour. Grâce en partie à l'excellent Christoph Waltz, le duo fonctionne extrêmement bien, avec deux hommes pourtant drastiquement opposés. Ainsi, peu à peu, le fil conducteur de l'histoire, à savoir retrouver Broomhilda, la femme de Django, construit une amitié assez improbable, à l'image de l'histoire qui se joue. En effet, on nous montre une Amérique opposée dans ses convictions, peu avant la bataille du Nord et du Sud pour la question de l'esclavage. Tarantino utilise ce cadre historique pour inventer Django, anciennement un esclave, désormais une figure de révolte, qui inverse la tendance d'infériorité des afro-américains partout où elle passe. La plupart des lieux où se rendent les protagonistes sont plutôt pour l'esclavage, ce qui installe un conflit permanent pour le duo atypique, qui effectue un long périple. Ce voyage à travers plusieurs États permet la mise en œuvre pour Tarantino d'un style contemplatif, souligné par l'excellent travail de Robert Richardson, le chef opérateur, qui créer une ambiance lumineuse soulignant chaque paysage ou décor. Ceux-ci sont d'ailleurs très beaux et l'illusion de l'ambiance esclavagiste du 19ème siècle est parfaite. Un véritable hommage aux westerns des années 60, auxquels le réalisateur reprend plusieurs codes et, cite évidemment le film « Django » de 1965 comme source principale d’inspiration. Quant au scénario, il nous happe pendant 2h30 et ne nous relâche jamais, divertissant et riche en dialogues toujours plus longs. Or, j'adore la narration de Tarantino, et les dialogues s'enchaînent très bien, avec quelques pépites, notamment chez Dr. Schultz qui sort par moment des belles tirades. Tout comme le tyrannique Calvin J. Candie, interprété par Leonardo DiCaprio qu'on ne présente plus. Certains moments sont légendaires, DiCaprio parvient à capter l'essence même du sadisme et son charisme doublé des excellents costumes créés par Sharen Davis lui confère une aura toute particulière. Une folie qui se ressent dans chaque scène, et qui classe instantanément ce personnage dans le top des meilleurs méchants du cinéma. Il est accompagné de son inséparable compagnon avec qu’il entretient une relation étrange, teintée d'humour noir. Il s’agit de Stephen, joué par Samuel L. Jackson, probablement uns de mes acteurs préférés. Il bénéficie d'un traitement particulier à chaque situation, que ce soit avec Django ou son maître qui le favorise aux autres, est devient alors un symbole des divisions de cette époque et un catalyseur de violence et de haine. L'histoire est simple, mais comporte quelques moments exceptionnels. Par exemple, la séquence du Ku Klux Klan est hilarante, tout comme la séquence entière du dîner entre tous les personnages, qui montre encore une fois le talent du réalisateur à jouer sur les dialogues et la tension qui monte progressivement. Cependant, ce qui me marque le plus, c'est la fin. Après un quasi-parfait de la part de Tarantino, ce dernier conclu sur une scène finale incroyable, toute en lumière et en style, ce qui donne lieu à mon plan préféré de tous les temps, un court instant admirable. Django Unchained, c'est aussi et surtout un grand plaisir. C'est en parti ce que j'aime, cette manière décomplexée de représenter l'histoire, avec un humour cinglant, en condamnant tout de même le racisme. Ce n'est pas réellement politique, mais un pur film de divertissement qui introduit des figures fictionnelles qui évoluent dans un contexte historique précis. Django Unchained, c'est pour l'instant mon long-métrage préféré, c'est un tour de force et aussi un film que j'ai sûrement vu à un moment propice, qui m'a marqué. Sûrement pas le plus culte de la filmographie du réalisateur, c'est toutefois celui que j'ai vu en premier. Tarantino, parfois adulé, parfois contesté, j'ajoute seulement quelques mots : bravo pour ce moment de cinéma incroyable.

lecinedethan
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les films qui m'ont marqués et Top 10 Films

Créée

le 17 nov. 2020

Critique lue 345 fois

1 j'aime

2 commentaires

Critique lue 345 fois

1
2

D'autres avis sur Django Unchained

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Django Unchained
real_folk_blues
7

Jamie nie Crockett

Salut, j’aime Tarantino et je t’emmerde (poliment, bien sûr). Certes, il est podophile (j’ai bien utilisé la lettre « o »), pas très agréable à regarder, parfois vulgaire, et un brin complaisant...

le 18 janv. 2013

133 j'aime

50

Django Unchained
Nushku
7

Dragées Unchained

Le dernier Tarantino est un film des plus sucrés. Sucré avec tous ces accents chantants ; ce Sud pré-Civil War aux relents de southern gothic, aux plantations garnies de belles demeures ornées de...

le 11 janv. 2013

105 j'aime

8

Du même critique

Boîte noire
lecinedethan
9

Boite Noire met une claque à la France entière

Mesdames messieurs, nous tenons pour l'instant notre film de l'année 2021. Oui, un film bien de chez nous qui prouve une nouvelle fois la richesse de notre pays. 2021, une année prospère pour le...

le 1 nov. 2021

4 j'aime

Scarface
lecinedethan
10

Scarface, par Le ciné d'Ethan

Quel film monumental ! Brian de Palma, réalisateur accompli et reconnu par la critique signe son chef-d’œuvre avec « Scarface » qui n’est autre qu’un remake du film de Howard Hawk du même nom, sorti...

le 27 févr. 2021

4 j'aime

Adieu les cons
lecinedethan
8

Adieu les titres à la con, place au cinéma

Pour inaugurer mon retour au cinéma après sept mois d'absence, quoi de mieux que de découvrir le film qui traduit à tous nos sentiments actuels : "Adieu les cons". Oui, adieu les cons, laissez-nous...

le 25 mai 2021

4 j'aime

2