Un Django TROP classe. (dans le sens négatif du terme)

Pour faire simple, j'ai aimé ce film, disons qu'il se laisse bien regarder.
Les points positifs :
L'histoire d'un homme noir qui passe d'esclave fouetté à homme libre vengeur n'est pas absolument originale en soi mais elle est bien traitée. C'est surtout le personnage de Schultz qui m'a intéressée : un homme blanc qui n'a aucune pitié pour les blancs (on le comprend lors d'une scène où il demande à Django de faire quelque chose de particulièrement cruel) mais qui se montre particulièrement ... sensible face à des scènes de cruauté envers les esclaves. Cette haine pour le dominant / pitié pour le dominé éprouvées par Schultz donnent lieu à des scènes que je trouve vraiment réussies. En plus, elles sont mises en relief par le personnage cruel que Django doit jouer pour intéresser Monsieur Candie ; un esclavagiste cruel qui n'a que faire de la souffrance de ces semblables (on pense au pauvre d'Artagnan et à la réaction du héros : "As of now, if he's an example, I ain't impressed."). Bref, le scénario, même s'il ne surprend pas, ça en jette.
Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, les acteurs sont vraiment bons. Et comme je suis toujours un peu à la ramasse, je savais pas que DiCaprio était dans le film, alors j'ai vraiment été surprise quand son visage apparaît à l'écran (d'ailleurs le zoom sur son sourire sadique avait l'air fait pour moi, genre "Oui c'est moi ! Et oui je suis méchant !")
Ma scène préférée était celle du raid raté (surnommée "Bag Men Scene" sur Youtube je trouvais ça super comme expression !). Je sais pas pourquoi mais j'ai senti comme un parfum de l'humour des Monty Python ! Le fait de casser le "drama" de la scène avec un "Mais putain les mecs les sacs sont mal faits on voit rien" était une idée géniale. Dans le même genre, j'ai adoré comment ils ont coupé le "moment-émotion", quand Django raconte la séparation avec sa femme, et que Schultz dit : "Your wife's name is Broomhilda Von Schaft ?!" et qu'il lui raconte la fameuse légende. Un Django qui s'identifie à un Siegfried ... Délirant et splendide. J'approuve.
Et enfin comme d'hab chez Tarantino, les répliques sont souvent cultes ! Je ne les relèverai pas ici on l'a déjà assez fait je crois.

Bon, et évidemment, quelques points sur lesquels j'étais un peu déçue ...
Je suis peut-être naïve mais j'espère qu'un jour les films américains cesseront d'être manichéens. Ouuuui d'accord ils ont fait des efforts dans ce film mais j'en ai marre des esclaves-noirs-martyrisés-qui-ont-finalement-la-classe-et-qui-démontent-tous-les-méchants-blancs-qui-leur-ont-fait-du-mal-à-la-fin. Je sais pas ; je suis sûrement pas très objective sur ce point. Et puis honnêtement, je pensais que Django allait mourir et que la petite Broomhilda aussi. Mais non. Allez que je me cache sous une armoire et que je te récupère des pistolets et que je fais une roulade de fou et que ... Non. D'accord c'était classe et ce que vous voulez, mais j'en ai marre, vous imaginez, j'avais même pas peur pour lui ; c'était OBLIGE qu'il allait faire une dernière galipette et hop, le tour est joué. Je trouve ça nul de pas être angoissé pour les personnages.
Ah oui et puis le coup de tout démolir, dynamite tout ça, bien sûr avec l'explosion juste devant un Django à lunettes impassible, non, j'en ai marre. Oui c'est classe. Oui c'est le style américain, peut-être même le style Tarantino, d'être un peu dans l'excès. Mais trop de classe tue la classe, non ? Pourquoi n'y a-t-il jamais de demi-mesure, plus réaliste et plus accessible ? Les personnages sont tellement incroyables qu'ils sont plus humains.
Et puis je sais pas, je suis la seule à penser que le personnage de Django finissait par devenir ... américain (genre j'ai le style et je le sais) ? Comment vous expliquer ? Le fait qu'à la fin il mette ses lunettes de soleil, qu'il fasse avancer son cheval en mode badass, qu'il dise "Let's get outta here" avec une voix ténébreuse ... Je sais pas. Je trouvais qu'on perdait un peu le personnage. Au début il avait l'air plus naturel ; à la fin il avait consciemment envie de nous soutirer des sourires plein d'admiration.

J'aime bien les américains hein, faut pas croire. Enfin ...
Je divague.

Voilà voilà.
(Ah oui et puis, 2h45 ? La longueur ne m'a pas tellement dérangée avec ce film mais est-ce une mode de rallonger absolument tout? [je ne parle pas que des films, pensez à tous ces romans de science-fiction qui n'en finissent plus...] ça me perturbe, vraiment. Est-ce signe d'un excès ou plutôt d'un manque d'inspiration ?]
Thanaé
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le 25 août 2014

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