Doctor Sleep : Version longue par Pom_Pom_Galli

Avant même de voir le film j'avais une réelle empathie pour ce "Mike Flanagan" que je ne connaissais pas jusqu'alors. Le pauvre a du se sentir écrasé de tous les côtés, par le poids des attentes qui reposaient sur ses épaules.
- Le poids de faire une suite au film de Kubrick, à mes yeux le meilleur film d'horreur jamais créé et probablement dans mon top 10 de mes films préférés.
- Le poids d'adapter un livre de Stephen King qui avait déjà renié le film de Kubrick. Un livre, qui est d'ailleurs franchement pas terrible et qui aurait parfaitement pu exister sans être estampillé "suite de shining"
- Le poids de Warner Bros qui a surement mis la pression à ce pauvre Flannagan pour qu'il y intègre moult références aux films de Kubrick en dépit de la fidélité du bouquin, pour les foutre dans la bande-annonce.

• Et enfin, le poids des gens, probablement partagé entre, les fans de Kubrick près à descendre le film parce que Flannagan n'est pas Kubrick, les fans de King près à descendre le film car pas assez fidèle au bouquin, et enfin les fans du films qui n'ont pas lu le livre et qui vont surement se demander quel est le lien entre cette histoire de gitans qui sniffent de la vapeur et les fantômes de l'Overlook.

Bref, c'était pas évident.

Alors, disons le tout de suite, Mike Flannagan n'est pas Kubrick. Et le contraire m'aurait surpris. Est ce un mauvais film pour autant ? Non.

On peut facilement diviser le film en deux partie. La première est très fidèle au bouquin. On y suit donc Dany qui est devenu Ewan MacGregor, ancien alcoolique, utilisant son shining pour accompagner des malades en fin de vie. Abra, jeune fille qui découvre qu'elle possède elle aussi "Le Shining". Et enfin, la secte du "True Knot", sortent de vampires / campeurs, qui se nourrissent du shining des enfants pour se rapprocher d'une vie éternelle. En lisant le bouquin, je m'étais vraiment imaginé Amélie Notomb à la tête d'une bande de papy en bob, tongs et camping-car. Là-dessus, Flannagan a réussi a sortir un truc un peu plus stylé. Ce dernier manque certainement d'un style un peu plus affirmé, mais il fait le job et ca marche.

Et puis il y la seconde partie, à l'Overlook Hotel (qui dans le livre de Stephen King n'existe plus, puisqu'il crame à la fin du livre "Shining"). C'est là que le film s'extirpe de l'adaptation du livre de Stephen King, pour se diriger dangereusement vers une suite au film de Kubrick. Et là, je me retrouve partagé entre le plaisir de revoir les couloirs, les escaliers, les ascenseurs, la salle de bain... Et le dégout de constater la vénalité d'hollywood qui n'hésite pas à pomper un cinéaste décédé dans le plus grands des calmes, pour reproduire toutes les scènes cultes du film "Shining" avec un vieux sosie tout pété de Nicholson. Je ne pensais pas qu'ils iraient jusque là, dans ce mélange de cynisme et de jemenfoutisme. J'aurais limite préféré avoir un Jack Nicholson numérique, comme dans les "Star Wars" plutôt que ce mec. Mettre des petites références, par-ci par-là, pourquoi pas, mais recopier plan par plan des scènes du film du Kubrick, c'est non. Autant regarder Shining.

Je ne blâme pas Mike Flannagan qui a surement fait du mieux qu'il pouvait, en bon petit soldat d'Hollywood, malgré toutes les pressions citées plus haut. Et en vrai, le film est pas si mal. Les trois heures de la version longues sont passées comme une lettre à la poste, le rythme est bon, les acteurs aussi. Ce Zahn McClarnon qui joue Corbeau et que j'avais déjà repéré dans la série Fargo, à un charisme de fou ! Il faut donner des premiers rôles à ce type ! Mais je garde le même constat amer qu'après avoir lu le Doctor Sleep de Stephen King. Est ce que ça valait vraiment le coup d'en faire une suite ?