Hallelujah, Marvel a cassé sa formule!


Si la venue de Chloe Zhao sur The Eternals était déjà un prémisse de ce que pouvait donner un film MCU avec un véritable réalisateur à la patte identifiable à la barre, avec une liberté créative (toute relative, on reste chez Mickey), le peu de succès qu'a rencontré le film suivi instantanément de l'annonce de six semaines de reshoot sur la mouture Raimi de Strange avait vite fait de m'inquiéter sur la possibilité d'une sortie de piste réelle, me faisant plutôt craindre un Ant-Man bis où Edgar Wright avait dû se barrer du projet tant il était bridé. Mais peut-être que le contexte de cette phase 4 qui peine encore à définir clairement ses enjeux (Multivers et mise en place de la relève, certes, mais à quelles fins?) est également le bon terreau pour que Disney se permette d'expérimenter sur sa forme (outre l'introduction des séries dans le bazar). Et si cela passe par une homogénéité réduite au profit de véritables identités à leurs métrages, tant mieux!


Car Doctor Strange in the Multiverse of Madness (DSMM dira-t-on désormais) est bien un film du MCU, avec les ingrédients classiques et les rappels à la cosmogonie établie depuis 2008, c'est également un authentique film signé Sam Raimi, absent de nos écrans depuis 9 ans avec le médiocre Oz the Great and Powerful (également chez Disney), avec toute la joie que cela procure. L'humour slapstick cradingue, les effets horrifiques, les mouvements de caméra dingues, l'iconisation des personnages, les gags bonkers… Tous les ingrédients du réalisateur barré sont là, rappelant les meilleurs moments d'Evil Dead, Spider-Man, Drag me to Hell ou autres Darkman et Mort ou Vif. On sentira certes les rênes de la major donner quelques coups secs, empêchant parfois Raimi d'aller dans son jusqu'au boutisme habituel, mais les effets n'en sont pas moins là. Le film est vivant et réjouissant!


Et non content de permettre l'ajout des marques du cinéastes, DSMM retire également tout ce qui est venu au fil des années boursoufler jusqu'à l'écœurement les productions Marvel: ce second degré constant, annihilant tout intention d'épique et de majesté. Si l'humour est bien là, il n'est plus au détriment du genre même du film de super-héros. Fini la boutade à la moindre action noble, fini le désamorçage de toute tension via un clin d'œil trop appuyé au spectateur, fini la bouffonnerie destructrice de toute crédibilité : quand Strange déploie ses pouvoirs, il le fait sincèrement, permettant l'implication de la salle dans le grand spectacle qui lui est montré, facilitant notre immersion. Et quand l'antagoniste rase tout sur son passage, sa menace est palpable, son agressivité et sa sauvagerie jubilatoires. Et même l'avalanche d'easter eggs fan-service, essence même de l'odeur fétide qui entourait No Way Home, est faite de manière organique, s'inscrivant dans le récit sans lui faire faire des détours stupides.


Non décidemment, je n'attendais rien de ce Strange 2, et j'en suis ressorti comblé. Reste qu'à voir le futur line-up du MCU, on risque très vite de retomber dans le plan-plan habituel : le Thor de Waititi sera dans la lignée de Ragnarok, une comédie sympathique, tout comme le sera sûrement les Guardians 3, James Gunn restant fidèle à lui-même. Wakanda Forever ne présentera aucun intérêt, car si Ryan Coogler n'est pas vilain, il ne possède pas non plus d'identité. Ant-man sera daubé, Peyton Reed n'étant qu'un yes man sans talent. Peut-être peut-on espérer quelque chose de The Marvels? Nia DaCosta a montré qu'elle avait de belles idées de mise en scène avec Candyman. Bref, ça ne semble pas radieux, mais j'espère me tromper. On aura au moins eu la chance d'avoir un vrai film de Sam Raimi pour donner une belle respiration à une saga à bout de souffle.

Créée

le 10 mai 2022

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Frakkazak

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