Pour ceux qui comme moi sont complètement indifférent au MCU avec ses phases et ses productions à la chaîne qui sortent pèle mêle chaque année jusqu’à n’en plus finir, sachez que Doctor Strange in the Multiverse of Madness se situe dans la Phase IV. Et comme trop souvent, le film est porté par une communication marketing tapageuse dont le meilleur argument tient en la seule présence de Sam Raimi derrière la caméra. Pour le reste, la firme peut bien se vanter que cette fois-ci, ce sera différent, plus incroyable, plus fort, plus mémorable encore, plus horrifique, plus tout et que l’on n’hésite plus à montrer des morts à l’écran. C’était cousu de fil blanc. Si le résultat peine comme toujours à tenir ses promesses, l’intérêt demeure intact parce que ce blockbuster ne manque pas de quelques bonnes idées et trahit un peu plus les règles ou les distords pour mieux les accommoder à son multivers qui sera comme tous les autres bien vite démodés. Si je me suis toujours juré de ne plus faire d’exception à la règle, c’est pour la simple et bonne raison qu’en allant voir ce type de divertissement, on encourage le continuité de cette gonorrhée filmique quantitatif mais peu qualitative. Marvel à la différence de DC se contente bien trop souvent de livrer une bête adaptation de bande dessinée presque parfois au pied de la lettre pour livrer une dose perpétuelle de junk cinema aux fanas les plus invétérés visiblement peu exigeant tant qu’on les abreuve des mêmes ingrédients peu consistants. La recette se passe de main à chaque nouvelle itération : du fan service à tout va, des caméos ponctué par un humour bas du front et surtout une énième bande annonce post crédit. Pas étonnant que la plupart des candidats ne soit que des yes-man hollywoodien à la solde d’un cahier des charges qu’il faut respecter minutieusement à la lettre près pour ne pas froisser les exécutifs.


C’est finalement à ce niveau là que l’on attendait peut-être Sam Raimi qui a toujours sût conserver cet esprit de sale gosse indépendant, peut-être pour pervertir enfin la machinerie de l’intérieur. Finalement il n’en sera rien de ce côté tant le réalisateur se contente de suivre uniformément la politique pré-établis. Pour autant cela lui permet de faire un dernier baroud d’honneur en convoquant les spectres de son passé. Ainsi les références à son univers abonde, puisqu’on y parle d’un livre magique ouvrant la porte vers d’autres dimensions d’où émanent des démons comme l’était le Necronomicon. On retrouve Bruce Campbell en mode slapstick le temps d’une apparition comme ci le bougre n’avait déjà pas assez souffert tout au long de sa vie de la main de son meilleur ami. Une créature tentaculaire nous renvoie autant à ses inspirations lovecraftiennes qu’au sinistre Docteur Octopus de Spider-Man 2. Les clins d’oeils sont appuyés et c’est même peu de le dire pour un connaisseur absolu de sa filmographie. Une multitude de séquence culte nous reviennent immédiatement à l’esprit, d’un sourire effacé en CGI à une armée de squelettes empruntés à Evil Dead 3 L’Armée des Ténèbres tout droit inspiré de l’imaginaire du grand Ray Harryhausen. Dommage cependant d’avoir perdu cette folie hystérique qui animait autrefois Evil Dead 2, d’autant que le scénario s’y prêtait particulièrement à propos. On regrettera aussi un déferlement de CGI sans lesquelles tout cela n’aurai sans doute jamais été possible et qui en minimise instantanément la portée malgré un talent certains et quelques environnement post-apocalyptique et décors vertigineux et cauchemardesque comme ce manoir hanté théâtre d’un combat d’une musicalité renversante qui ne pousse cependant pas assez la note dans la durée.


Comme toujours chez Marvel, les gentils sont de vrais gentils et les méchants ne sont pas si méchants. Pourtant, cette fois-ci, le récit dispose d’une sorcière possédée que l’on croirait emprunté à la saga Evil Dead. Les raisons de sa colère ? Les meilleures du monde, celle d’une âme solitaire qui voudrait éprouver le bonheur d’une vie de famille dans un autre univers et enfin jouir de la présence de ses enfants qu’elle ne verra jamais naître sur Terre. Mais comme tout récit science fictionnel alambiqué convoquant les Deus Machina, il y a des règles à respecter, que le docteur se verra lui même en position de saborder en se réincarnant dans l’enveloppe charnel d’un cadavre ambulant. Inutile d’avoir vu les autres films de la saga ou le premier Doctor Strange pour apprécier celui-ci, la preuve en est puisque ce fût mon cas, même si l’invasion de la forteresse censé satisfaire les créanciers chinois, c’était un peu trop pour moi. Le contrat est à demi rempli, le multivers à moitié plein selon le point de vue. Le film ne fera sans doute pas date dans l’histoire 7ème art, il n’est qu’une alternative de plus dans un champs des possibles qui ramènent les super-héros à leur facticité ce qui les rend moins irremplaçable qu’on ne le pensait puisque certains meurent non sans une vénérable cruauté jubilatoire. Pas de prise de risque inutile cependant, même quant on s’appelle Sam Raimi. Il ne faudrait pas risquer de s’aliéner une partie du public. On se contentera donc d’un champ d’horreur usuel où les variations d’autres icônes connu sur Terre tombent comme des mouches, histoire de dire « regardez nous aussi on peut le faire ! ». Cousu de fil blanc qu’on vous dit.

Le-Roy-du-Bis
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le 8 janv. 2024

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