Dogman
7.1
Dogman

Film de Matteo Garrone (2018)

Avec ce retour aux fondamentaux d’un certain cinéma sociétal italien, Matteo Garrone filme les délaissés du système avec un point de vue documentaliste qui ne laisse comme concession que la profondeur humaniste qui surnage dans un tout petit personnage qui se débat dans un univers auquel il tente de s’accrocher.


La performance de Marcello Fonte dans la peau de ce petit bonhomme qui trace sa route et tente d’égaler ses contemporains, silhouette frêle qui peine à faire entendre sa voix, est bluffante de justesse. Il dénote à lui seul la part d’humanité d’un homme simple qui se dépatouille pour conserver le peu qu’il possède. En cela il renoue avec ces personnages de faire-valoir tentant de s’imposer malgré leur côté chétif et maladif. Une sorte d’Alberto Sordi contemporain.


D’une profonde noirceur, le film n’est néanmoins pas dénué d’humour, naissant souvent de l’absurdité situationnelle dans laquelle cet antihéros s’enfonce au gré de sa progression dans son petit monde des perdants du système.


Malgré son côté attachant et la part d’humanité qu’il insuffle à cet univers extrêmement sombre et pessimiste, on constate quand même chez lui une certaine couardise consistant à préférer la force brute, devenant le martyre de Simone, le costaud, toxicomane patenté, personnage violent et sadique, derrière lequel il tente en permanence de se ranger, quitte à y perdre le peu qu’il possède.


Le fameux larron tout petit… petit du cinéma des grands films de Dino Risi ou Mario Monicelli tente de renaître sous les traits de ce Charlot aux petits poings, boxant hors catégorie, tentant de surnager dans ce roulis permanent de vagues assassines.


Sombre et drôle, cette implacable fable aux accents un peu trop pessimiste aurait gagné à un peu plus de démonstration, notamment dans sa seconde partie qui vire parfois un peu trop à une sorte de contemplation du chaos.

philippequevillart
7

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Créée

le 21 juil. 2018

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