Gérard, « jeune homme de bonne famille », rêve de devenir acteur. Pour ce faire, il suit partout sa sœur Frédérique, entichée de cinéma-vérité. Évoluant au milieu d’une faune aussi bizarre que bigarrée, elle braque sur tout un chacun, sur tout et sur rien, sa « caméra-stylo »…
Film-symptôme d’une époque où la fantaisie se prenait volontiers pour de la subversion, Dragées au poivre se veut une satire de la Nouvelle Vague, mais n’en garde que les tics les plus inoffensifs. Baratier et Bedos prétendent tirer à boulets rouges sur le conformisme ambiant, mais leur charge ressemble davantage à une pochade potache qu’à une véritable démolition.
Le film s’ouvre sur un ton impertinent, vite dilué dans un cabotinage général où l’on peine à distinguer la moquerie du simple désordre. Tout cela se laisse regarder — sans ennui, mais sans éclat — tant la mise en scène manque de mordant. Ce n’est ni féroce, ni vraiment inventif, rarement drôle.
Reste le plaisir incontestable du casting, où Baratier aligne à la queue-leu-leu la quasi-totalité du gratin hexagonal : Belmondo, Signoret, Brasseur, Marielle, Vitti, Karina… Mais tous passent, sans qu’aucun ne marque vraiment.