På din !
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Les temps sont durs, nous a dit notre président de la République hier soir. Plus question d’aller prendre un verre au café du coin, ni même d’inviter ses amis à venir chez soi déguster un petit vin de pays ou un grand cru classé, un cognac, un whisky, un champagne,un pastis ou un mojito . L’heure n’est plus à la rigolade et à la légèreté, il est recommandé désormais de ne sortir et voir des gens que pour stimuler l’activité économique de notre nation solidaire.
En bon citoyen, j’ai acquiescé et je suis allé voir Drunk au cinéma à coté de chez moi. En ces temps difficiles, je me suis fait un devoir de soutenir ce cinéma d’art et essais qui peine à survivre depuis que ce maudit virus s’est installé dans notre beau pays et dans le monde entier.
Apologie de l’ivresse, ode à la vie, le dernier Thomas Vinterberg (l’auteur de Festen) est une incitation à boire pour se retrouver et à combattre la morosité et le routine de la vie.
L’originalité du propos vient du fait que l’alcool n’est pas vu comme une déchéance mais au contraire comme une renaissance. Le personnage principal (superbement incarné par Mads Mikkelsen) s’était un peu oublié au fil des ans, au point de s’ennuyer et d’ennuyer ses élèves au Lycée et de ne plus communiquer avec sa femme. Et c’est grâce à ses trois collègues et amis qui l’incitent à boire qu’il va reprendre goût à la vie et redevenir lui-même.
On assiste donc à un éloge de l’alcool en tant que désinhibiteur et libérateur de créativité (tout en en dénonçant les effets pervers), à contre courant des discours habituels très "healthy" de notre époque.
L’autre originalité vient de ce que ce sont des professeurs quadra et quinqua qui expérimentent "scientifiquement" les effets de la boisson sur leurs organismes et comportements et non pas des jeunes godelureaux en mal de sensations fortes.
Ce qui est très réjouissant, c’est que le film est drôle et pêchu, avec évidemment une pointe de gravité quant aux dangers de l’alcool et qu'il dresse un constat juste de ce que peut être une existence devenue morne par mégarde, en cédant au conformisme, aux habitudes et aux lâchetés quotidiennes.
On peut regretter que les femmes y jouent un rôle très secondaire (c’est un film de mecs) et qu’après le climax de la séquence de beuverie, l’intensité retombe assez lourdement. Certes les séquences de problèmes de couples ne sont pas inintéressantes, mais je dirais que la partie dramatique est moins réussie que la partie comédie.
Heureusement le film redécolle à la fin et tout bien considéré, il demeure un formidable antidote au discours de notre président.
Vive la République, vive la France, vive le Danemark et vive le cinéma !
Créée
le 15 oct. 2020
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