Et pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent, hélas.
Je n'ai pas du tout envie de cracher dans la soupe, ce film est bon, hein.
Mais mon dieu ce que c'est poussif, et l'on ne ressent rien de ce qui fait le sel du bouquin et de ce à quoi Lynch était en parti arrivé dans son propre Dune. Ici, pas la moindre dose d'exotisme, de danger, d'ambiguïté. La folie lovecraftienne de Lynch rendait bien le mysticisme étrange autour de l'épice, de la voix et des complots des Béné Gesserit, des sorcières, on ne peut pas lui retirer ça... car c'est ça Dune: l'épice, une drogue qui confère des pouvoirs psychiques à ses consommateurs et qui déforme atrocement les navigateurs de la guilde, les Fremens des "Touaregs de l'espace", le Mahdi, le messie d'une population fanatique et l'annonciateur d'une guerre "sainte" impitoyable dans l'univers, le djihad... les Harkonnens, les Atréides, l'Empire et ses Sardaukars -des commandos de la mort-, la guilde, la CHOM, des puissances coloniales se livrant une lutte sans merci... des agents d'une géopolitique riche où chacun va conspirer contre l'autre pour assurer ses intérêts propres.
Je comprends que ça soit trop sensible pour Hollywood de pondre un univers comme Dune aussi emprunt d'un orientalisme dangereux, de sectarisme religieux et de géopolitique, mais c'est ça Dune, un monde où il n'y a pas de vrais "gentils", un monde où les puissances institutionnalisées ont la fâcheuse tendance à s'embourber et d'où va, in fine, surgir un monstre sanguinaire, le kwisatz haderach, le Mahdi, le messie et la mort se répandant dans l'univers. Un monde où technologie, génétique, religion, politique, fanatisme, pouvoirs psychiques (pour ne pas dire magiques) et drogue se mêlent les uns avec les autres dans un pot pourri de prophéties, de destinées inéluctables.
Dune c'est l'Afganisant ou l'Irak dans l'espace, un endroit dangereux et plein de fanatisme.
Pas un succédané de Star Wars.