Le pouvoir corrompt, c'est une évidence. Une excellente 2ème partie un petit peu mieux que la 1ère.

Ma vidéo critique sur Dune - Deuxième Partie

3 ans après une excellente première partie, Denis Villeneuve revient pour terminer Dune comme il se doit. Autant avouer que ce long-métrage était, sans problème, une des plus grosses attentes de 2024. Décalé à cause de la grève des scénaristes puis sortie ré-avancée à fin février, « Dune : Deuxième partie » a su se faire remarquer à coté d’une grande majorité de blockbusters discutables avec des effets spéciaux très discutables (et encore, certains arrivent à rester plus laxistes envers les effets spéciaux). Et donc, que vaut cette deuxième partie de Dune ? Et bien, c’est une excellente suite qui arrive à faire mieux que la première partie et à garder la barre très haute. Surtout qu’on voit moins le temps passer avec celui-ci qu’avec le précédent.

Précisons que nous allons parler du film en lui-même seulement et non le comparer avec le roman qu’il adapte. La lecture du roman se fera quand j’aurais le temps. Donc ceux qui me diront « l’explication est dans le livre pour tel élément », ce n’est pas une excuse valable quand tu fais une adaptation.

Positif

• Paul Atréides (Timothée Chalamet) est vu comme l’élu (aussi appelé Gom Jabbar = haut ennemi) qui doit mettre fin à la tyrannie de l’Empereur et de ses sous-fifres, mais ce n’est pas ce qu’il semble vouloir. Malgré qu’il veuille rendre honneur à son père en se vengeant, il veut éviter d’accomplir la prophétie car il sait le carnage que ça va entraîner. Paul est un protagoniste intéressant à suivre dans le doute qu’il a malgré que la plupart des personnes tentent de le pousser à devenir l’élu. Le doute peut se comprendre en se mettant à la place de Paul et ce malgré qu’il cherche surtout à se faire une place parmi les Frémens.
• Chani (Zendaya) est la femme dont Paul est tombé amoureux. Il s’agit d’une femme Frémen qui veut se battre pour défendre les siens et les libérer des exploiteurs de l’Épice. De plus, c’est aussi la seule personne raisonnable qui continue de voir Paul comme il est (ou comme il devient) plutôt que de le vénérer comme le Gom Jabbar. En tout cas, Chani a une place plus importante à jouer ici et cela fonctionne à merveille.
• Jessica (Rebecca Ferguson) est maintenant la mère révérende des Frémens et elle cherche à protéger son fils sous l’influence du nouvel enfant qu’elle attend. Vu comment elle se transforme à cause de l’eau de vie (tout en devinant facilement sur qui ça agit avant tout), il faut reconnaître que ça reste une mère qui veut protéger son enfant, quel qu’en soit le prix. Cela ne la rend pas irréprochable non plus, même pour une Bene Guesserit.
• Stilgar (Javier Bardem) est le chef des Frémens et il croit aux prophéties sur l’Elu plus que tout. Chaque fois que Paul réussit quelque chose, celui-ci continue de dire à tout son peuple qu’il le savait parce que c’était écrit. En même temps, cette prophétie est la seule chose à laquelle il peut encore croire, surtout si c’est pour se libérer de l’Empereur et de l’exploitation de l’Épice.
• Alia (Anya Taylor Joy) est la petite sœur de Paul et celle-ci influence grandement sa mère en ayant obtenu des pouvoirs grâce à l’eau de Vie. Malgré qu’on la voit peu, le fait qu’un fœtus arrive à influencer sa mère à ce point avec ses pouvoirs la rendent très menaçante. Alors certes, elle veut aider et protéger son frère en le faisant devenir l’Élu, mais à quel prix ? Et puis, il y a de fortes chances qu’elle devienne une future menace pour la planète et Paul à l’avenir (si la saga va continuer).

• Le Baron (Stellan Skarsgârd) est une grande figure de l’Empereur qui a repris le contrôle d’Arrakis après avoir exterminé la famille Atréides. Maintenant, il cherche à exploiter l’Epice au maximum pour son propre profit, quitte à détruire la planète et à exterminer tous les Frémens. Un antagoniste qui fonctionne toujours aussi bien, surtout avec son apparence qui reste assez terrifiante et fourbe.
• Feyd-Rautha (Austin Butler) est un autre neveu du baron qui semble adorer les combats et le sang. Étant désigné par son oncle comme le nouveau protecteur de la planète (avec la promesse de régner), il extermine tous ceux qu’il peut exterminer en y prenant un grand plaisir. Autant dire que c’est un très bon adversaire pour Paul, notamment dans le parcours de celui-ci et quand on voit certaines similitudes (mais on en reparlera avec leur dichotomie).
• Glossu Rabban (Dave Bautista) est le premier neveu de l’Empereur. Il est surtout un porte-arme en son nom et n’a pas un grand développement mais il faut de son mieux pour exploiter l’Epice avant d’en perdre le contrôle.
• L’Empereur (Christopher Walken) est un homme très puissant qui semble avoir peur de Paul et de ce qu’il pourrait faire, ce qui peut se comprendre. Après, c’est la peur et le pouvoir qui l’ont fait agir comme il l’a fait mais ce sont aussi ses actions qui ont mené à tout ça. Il est une des preuves que le pouvoir corrompt. Il est en partie un des responsables de l’apparition du Gom Jabbar et il va finir par le regretter.
• La princesse Irulan (Florence Pugh) est la fille de l’Empereur et elle semble un petit peu plus raisonnée que son père. Sans être détestable et malgré qu’elle essaye de le protéger, c’est une princesse qui fait de son mieux pour la paix mondiale entre les maisons.
• La révérende mère (Charlotte Rampling) est la plus puissante des Bene Guesserits et elle a participé à la fin de la famille Atréides. Un personnage très détestable dont il faut savoir se méfier vu le niveau de ses pouvoirs. Elle est un petit peu l’équivalente d’une sœur du destin, elle cherche à contrôler le destin de tout le monde mais quand une personne échappe à ses prédictions comme Paul le fait… Sans parler de son rejet des hommes dans l’ordre des Bene Guesserits qui ne doit avoir que des femmes, selon elle.

• Concernant la dichotomie entre Paul et Feyd-Rautha, elle est excellente. Ce sont tous les deux des enfants qui cherchent (ou cherchaient) à faire leurs preuves auprès de leurs parents mais sans avoir eu la même destinée. Là où Feyd-Rautha accepte le pouvoir et cherche surtout à tuer comme le psychopathe qu’il est, Paul tente de vivre sa vie en tant que membre des Frémens et non en tant qu’élu. Les deux sont poussés par la mère révérende des Bene Guesserit mais l’un ne peut pas être contrôlé par rapport à l’autre, ce qui ne l’arrange pas. Même le fait que Feyd-Rautha passe le même test que Paul est une bonne preuve de leur dualité. Et leur combat sont un acheminement pour eux-deux. Ils ont pas mal de similitudes mais pas les mêmes objectifs ni le même parcours.

• On avait déjà un casting de fou pour le premier opus, c’est de même niveau ici. Surtout quand on voit les nouveaux acteurs et nouvelles actrices qui rejoignent la saga (Florence Pugh, Christopher Walken). On pourrait blâmer le fait qu’on ne voit pratiquement pas Anya Taylor Joy alors que c’est une excellente actrice, c’est vrai, mais comme on sent qu’une suite va arriver, il y a des chances pour qu’on la voit plus longtemps dans l’avenir de cette saga.

• Ici, c’est surtout l’évolution de Paul qui nous intéresse mais il n’y a pas que lui. Le point commun entre toutes ces évolutions est le pouvoir et la corruption qu’il apporte. Que ce soit pour Paul qui nous étonne grandement dans ses décisions de l’acte final ou Jessica et Stilgar dans son obsession de vouloir faire de Paul l’élu, il faut reconnaître que les différentes évolutions qu’on suit sont intéressantes.

• La relation entre Paul et Chani est très bien développé ici. Malgré son doute des humains, Chani apprend à connaître Paul et à voir au-delà de l’humain dont elle se méfie en permanence. De l’autre coté, Paul était déjà amoureux de Chani vu qu’il rêvait d’elle comme un homme rêve d’une sirène, donc cette relation fonctionne assez bien ici et elle est développée au moins.

• En terme de symbolisme, il y a pas mal de choses à retenir. Entre le messie de la prophétie pour tous qui le voit chacun à sa façon, y compris Paul, Chani pour Paul, la bague de Leto pour Paul, l’eau de vie pour la planète et les personnages… Dans tous les cas, il y a beaucoup d’éléments de symbolisme très intéressants ici.

• La fin est une fin qui veut nous teaser une suite mais c’est une fin qui marche. Vu la manière dont les choses se sont passés, c’est une bonne manière de conclure le parcours de Paul et son évolution mais aussi d’apporter un certain intérêt pour une future suite. En tout cas, c’est réellement une bonne conclusion pour Paul.

• En terme d’inattendu, on arrive à être surpris par pas mal de choses. L’arrivée inattendu de certains évènements, la vérité sur certains aspects importants de la planète et de sa vie, la transformation de certains personnages… C’est un détail mais l’inattendu fonctionne réellement très bien ici.

• Démarrer cette nouvelle partie par un résumé de la première partie racontée par la fille de l’Empereur est une bonne manière de rappeler ce qui s’est passé et de nous donner envie de voir la suite de l’histoire, surtout pour savoir qui sont ces nouveaux personnages.

• En terme d’iconographie, certains plans pourraient être des peintures tellement ils sont travaillés (en mode Science-fiction bien sûr). Il y a de fortes chances que certaines images vous marquent et restent dans votre tête après le visionnage.

• Les musiques sont toujours d’une grande beauté. Même si ce n’est pas le meilleur que Hans Zimmer nous ait fait, il faut reconnaître que les musiques sont d’une très bonne qualité et donnent envie de les réécouter en dehors du visionnage.

• Visuellement, on ne peut pas dire que ce n’est pas éblouissant. Les visuels sont assurément ce qui est le plus réussi et ça se sent. La majorité des séquences marqueront les esprits pour la majorité des ses visuels incroyables, et c’est mérité.

• Il n’y a rien à redire sur les effets spéciaux, ils sont magnifiques. Tous les effets spéciaux de ce long-métrage ont été travaillés et il n’y a rien à redire car on est ébloui par ceux-ci du début à la fin (surtout vu ce qu’on a eu avant).

• Les décors sont toujours aussi somptueux, tel qu’il soit. Sincèrement, chaque décor de ce long-métrage est un véritable régal pour les yeux, il y a de quoi être ébloui par, pratiquement, toutes les séquences de ce long-métrage.

• Le jeu d’acteur est de très bonne qualité. Chaque acteur et actrice de ce long-métrage sont investis au maximum et ça se sent. Déjà que le casting est 5 étoiles, il faut reconnaître qu’ils sont au niveau qu’on attendait ici.

• L’univers de « Dune » arrive à s’étendre un petit peu plus avec les nouveaux éléments instaurés ici. Des nouveaux lieux et des nouveaux personnages qui arrivent à enrichir le lore (même si ça ne sera pas le dernier).

• Question costumes, c’est toujours de très bonne qualité ici. Chaque costume de ce long-métrage est soigné tout en réussissant à bien nous définir les différents personnages qu’on voit à travers leurs costumes.

• Pour ceux qui regrettaient le manque d’action dans le 1, sachez qu’il y en a un petit peu plus ici. Il n’y en a pas énormément non plus mais les scènes d’action arrivent à convaincre un peu plus qu’avant.

Négatif

• Une scène un petit peu difficile à comprendre, c’est Paul qui parle à Jamis lors d’un moment de doute. Alors, non pas que cette scène est mauvaise et il est vrai que Paul a pris la place de Jamis chez les Frémens en le tuant mais bon, pourquoi ça ne sort que maintenant ? En plus, pourquoi il lui demande conseil à lui alors que leur seul interaction dans la partie 1 était un combat à mort ? Ou alors, il aurait fallu qu’on voit plus de scènes entre eux (même en illusion) pour être convaincu, parce que là ça sort vraiment de nulle part. Une discussion imaginaire avec son père Leto aurait mieux marché, même si celui-ci aurait tenté de le dissuader.

• Concernant l’émotion, ils ont tenté de faire quelque chose mais il faut admettre que ça ne fonctionne pas. On a des scènes marquantes mais aucune ne procure réellement une grande émotion de tristesse ou de colère. Enfin, ça n’empêche pas d’avoir pas mal de moments épiques et marquants mais le manque d’émotion se fait sentir.

• On a quelques petites blagues dont on aurait pu se passer, comme Jessica qui vomit parce qu’elle voit un mort se faire prendre son eau. C’est un détail mais on aurait peut-être pu s’en dispenser non ?

• La tension n’est pas mauvaise mais elle est un petit peu difficile à croire. Malgré le nombre de morts qu’on a déjà eu, il faut reconnaître que la tension ne fonctionne pas forcément.

Au final, Dune : Deuxième partie est une excellente suite qui arrive à faire un petit peu mieux que son prédécesseur. Peut-être est-ce dû à la qualité des derniers blockbusters qu’on a eu ces dernières années mais ce nouvel opus arrivera à vous marquer pendant un très long moment, à favoriser au cinéma car l’expérience est encore meilleure avec le son surround. La mise en scène est excellente, les personnages sont très bien développés, les décors sont superbes, les effets spéciaux sont soignés, le jeu d’acteur est très efficace et les musiques sont splendides. Après, il est vrai que la tension et l’émotion ne sont pas forcement au rendez-vous mais ça vaut clairement le coup de le voir au cinéma. Espérons qu’il fasse de très bons chiffres car il le mérite. Allez le voir au cinéma, surtout pour ses visuels incroyables à couper le souffle.

On pourrait même aller jusqu’à dire que Dune va être à cette génération ce que Le Seigneur des Anneaux a été pour la génération des années 2000. Une saga exceptionnelle qui marquera encore les esprits dans plusieurs années au vu de sa grande qualité (et malgré des râleurs jamais satisfaits ou très difficiles à satisfaire qui trouveront toujours de quoi dire).