Je ne vais pas raconter l'histoire, normalement tout le monde la connaît. Je vais juste m'attarder sur quelques détails.
Réimaginer Chani, de femme du sietch tabr en feydakin dangereuse, est une idée qui modernise correctement cette relation et évite le côté femme soumise à son prophete d'apocalypse de mari.
Il est bien plus limpide dans ce film qu'il s'agit d'un avertissement, terrifiant et monstrueux, sur la capacité de la religion à asservir. Mais je ne suis pas sûr que le réalisateur ait pu échapper à une forme d'orientalisme toxique dans sa représentation du Jihad : Franck Herbert l'a écrit comme ça, et c'est très difficile de sortir de ce schéma.
Il y a par ailleurs quelques distractions stupides : pas la peine de montrer la folie dictatoriale des harkonnen, et pourtant le film prend 5 minutes à nous montrer un combat de gladiateurs truqué, un défilé mussolinien (avec toutefois une lumière parfaitement déshumanisante). Comble de la distraction, Léa Seydoux fait évidement une apparition débile.
En revanche, le film respecte bien la capacité du roman d'éluder la bataille pour Arrakeen, qui devrait être un moment typiquement hollywoodien d'un bon quart d'heure, mais est réduit ici à une petite minute de vers des sables et d'explosion. C'est très bien, et ça montre bien le mépris de l'oeuvre pour le bas peuple.
Parce que peut-être que Dune est une fable écologique, mais c'est surtout un récit profondément réactionnaire, féodaliste, et montrant Paul Adréides comme un homme méprisant finalement, une fois compris son glorieux destin, la vie des autres.