Edmond en toute décontraction...

Edmond est un bon film, ce qui est très dur à percevoir à son commencement, car il est tâché d’un problème extrêmement ennuyant… son couple d’acteurs principaux. Il faut savoir que le jeu dans le film est constamment très théâtral (pour ne pas dire archi-surligné et accompagné d’une série de claques dans la gueule assénées à coup de pelleteuse) que l’on soit sur scène ou non. Thomas Soliveres jouant Edmond Rostand et Alice de Lencquesaing jouant Rosemonde, l’épouse de ce premier, sont désastreux (de mon avis personnel bien entendu). Je ne les ai pas trouvés crédibles une seule seconde, je n’ai donc pas pu ressentir leurs troubles et leurs envies, leurs amours et leurs désespoirs. Et chaque échange de paroles sorties de leur bouche me donnait envie d’en finir… vite ! Ce qui n’est pas grandement dérangeant étant donné qu’on est dans une satire virant au vaudeville permanent. Mais cela perturbe néanmoins largement l’entrée du spectateur dans le film (du moins, toujours, de ma propre expérience). Heureusement qu’Olivier Gourmet & Dominique Pinon relèvent grandement la barre au niveau de l’actoring. La belle Lucie Boujenah se distingue également en muse inspirant de véritables chefs d’œuvre aux hommes croisant son regard…

Cette adaptation de pièce de théâtre raconte l’histoire de la genèse du texte de Cyrano de Bergerac jusqu’à sa mise en scène, le tout dans un délai de 3 semaines. Cela va mener à des situations complètement absurdes s’enchainant l’une après l’autre. Bien entendu la véracité historique de toute cette histoire est inexistante, mais qui s’en soucie ? Vous allez me dire toutes les personnes soucieuses que plein de gens ne ressortent pas d’une salle en pensant qu’un chef d’œuvre en 5 actes ne s’écrit pas en quelques semaines entre deux séances de muscu ? Qu’un spectacle ne se répète pas en quelques jours ? Qu’on ne s’improvise pas acteur sans la moindre répétition ? Certes, j’en ferais partie et que cette loufoquerie fut le deuxième grand défaut de ce film. Mais après, je dois bien avouer avoir eu un faible pour un récit mettant en avant le véritable héros de l’histoire : l’auteur, le poète, l’homme créant des mondes par la force de sa plume. Et ça, on a souvent tendance à l’oublier…. Mais pas ici !

Cette pièce sera très bien… Faut juste l’écrire !

L’entièreté rend un hommage au texte de l’auteur nous faisant voler de la scène à des situations extra-théâtrales en ne nous éloignant jamais ni du texte, ni de son sens. Malgré des caricatures lourdes (le noir tenancier de café et plus instruit que quiconque dans la ville, les mafiosis ressemblant aux frères Dupont et Dupond de Tintin, l’ami bête et bellâtre mais loyal aux bons moments, la diva insupportable, etc), le contenu d’une œuvre mythique arrive à se trouver mise en valeur. Et ça, on ne peut pas le critiquer.

Je vous préviens, cher Myrmidon, qu’à la fin de l’envoi je… louche ?

On voit également un grand soin apporté à la production, soin particulièrement important à la vue du genre pour une production française. Mais c’est surtout les plans de caméra qui, quand les acteurs entrent en scène, sont très beaux. L’enchainement de plans séquences valsant avec eux sur scène ou quand la caméra se met à tourner tout autour des personnages pourfendant les planches, cela me donne envie de passer le 5/10 que je devrais bien justement allouer au film à un 6/10 décroché difficilement… Ce que je n'hésiterai pas à faire.

Bref, une grosse production qui pêche de mon avis principalement par son acteur principal peu crédible et par sa loufoquerie poussée à mon goût un peu trop loin mais dont l’histoire se veut suffisamment prenante au final que pour faire un bel hommage aux œuvres d’Edmond Rostand. Hommage qui m’a donné envie de me replonger dans l’œuvre originale, et ça, qu’on le veuille ou non, c’est une victoire !