J'ai toujours été friand des huit-clos car ils mêlent habilement immobilisme et suspense incisif. Bien sûr, dans les plus grandes réussites du genre, on songe à "Fenêtre sur Cour" et "12 Hommes en Colère" qui poussent le genre plus loin par leurs divers questionnements, que cela soit le voyeurisme pour le premier ou la peine de mort pour l'autre. Bon, après, cela ne veut pas dire que celui qui ne fait pas dans l'intellectuel est mauvais. Buried fut un bon exemple de long-métrage sympathique. Ayant entendu qu'un film avait fait de l'ascenseur le personnage principal de son histoire, je me suis dit pourquoi pas. Et je suis fier, si je puis dire, d'affirmer que Elevator reste à ce jour la plus grosse purge qu'il m'ait été donné de voir dans le huit-clos et le restera sans nul doute. Je précise qu'il y aura de nombreux spoiler car Elevator est un modèle du genre à lui seul dans le mauvais sens du terme.
Elevator c'est tout d'abord de la série B digne des étrons qui passaient jadis sur AB3 le mercredi après-midi, quoique la violence l'aurait empêché d'être projeté. On a donc une ribambelle de personnages tous plus clichés les uns que les autres entre la blondasse qui est là pour son physique, la gamine odieuse qui est bien évidemment la petite fille du PDG, le couple marié, l'obèse, le comique troupier de service qui peut compter sur un sarcasme assez sympa à défaut de ses blagues qui ne feraient pas rire un clown sous poppers. Le réalisateur est persuadé qu'il va faire quelque chose d'intelligent sauf que ces prétendues dénonciations sont abordées avec une subtilité de boeuf. Le milieu financier est décrit comme bien pourri, vendant des actions foireuses, empochant des millions au détriment de la vie humaine, le tout sous fond de quelques remarques bien démagogiques que n'auraient pas reniés les experts Facebook.
Ensuite vient également la dénonciation du racisme avec le gardien arabo-américain qui subira les quolibets de "l'humoriste" évidemment juif. Le traitement est sans surprise pathétique. Gageons de dire que les acteurs jouent mal mais ça vous le saviez déjà. Quelques petites sous-intrigues dont l'on se fout éperdument ne parviendront pas à rehausser la léthargie scénaristique. On devine très vite qui est le terroriste donc la surprise n'est même pas au rendez-vous. A cela rajoutez quelques belles incohérences à commencer par la vidéo de la journaliste qui se retrouvera instantanément sur CNN mais visiblement tout le monde s'en fout. Les secours ne semblent pas au courant de cette histoire qui, apparemment, est diffusé sur les écrans du monde entier, malgré le décalage horaire. Dans certains pays, il semblerait que les gens soient posés à 4h du matin heure locale devant le journal télévisé.
Mais si l'on devine le grand méchant que le réalisateur prend en pitié parce que vous comprenez elle a eu une vie difficile, l'on devine également les dialogues tous plus au ras des pâquerettes les uns que les autres. On aura du "Il faut absolument sortir d'ici" après la découverte de la bombe. On aura aussi du "Est-ce que vous avez eu peur ?" d'une journaliste lorsque ceux-ci seront sauvés dans une fin d'une rare débilité car l'un d'entre eux mourra faute de savoir passer à travers l'ouverture car trop gros. Puis ça râle parce que ça va manquer l'entrée, ça se dispute parce que le beau gosse marié s'est tapé la blondasse, se justifiant pathétiquement car il travaillait trop avec elle. Ce même beau gosse qui aura un bras arraché par sa manipulation douteuse. N'importe qui aurait compris que faire ça aurait été un massacre mais pas lui. Décidément les traders sont vraiment cons en plus d'être arnaqueurs.
Autre point qui m'aura bien fait rire, c'est justement le comique qui est claustrophobe. Lorsque l'ascenseur monte, il est en pleine crise de panique mais après un certain temps coincé dans l'ascenseur avec une bombe, il fait partie de ceux qui garderont le mieux leur sang-froid. Tu parles d'une thérapie. Le beau gosse désormais estropié disparaît à un moment complètement de l'écran et plus personne ne se préoccupe de lui. Le gardien infirmier de formation parvient à arrêter son hémorragie avec le sang qui gerbe sur lui mais a peur de couper le corps de la pauvre vieille avec un couteau suisse. Et je pourrais encore continuer longtemps comme ça. On se souviendra dès lors de Elevator comme une incommensurable nullité qui devrait rester à jamais dans l'oubli.