Plus de dix ans après Elvira Maîtresse des Ténèbres , John Paragon et Cassandra Peterson ont la bien mauvaise idée d'offrir au cinéma une seconde aventures à la plantureuse et gothique Elvira. Cette fausse suite qui ne fait que réutiliser le personnage en n'en conservant que la superficialité se déroule en 1851 et se place comme un hommage parodique à l'épouvante gothique des films de Roger Corman adaptant Edgar Allan Poe et à l'immense Vincet Price auquel le film est carrément dédié. Si l'hommage semble sincère le résultat est une triste pantalonnade assez catastrophique et d'autant plus énervante que le personnage d'Elvira méritait beaucoup mieux.
Nous sommes donc en 1850 et Elvira accompagnée de sa servante zou Zou se retrouvent dans un château dans lequel les habitants semblent tous frappés par une étrange malédiction. Elvira découvre aussi qu'elle est l'exact réplique de l'ancienne épouse du châtelain qui s'est mystérieusement suicidée..
Elvira et le Château Hanté est essentiellement une parodie d'oeuvre tels que La Chute de la Maison Usher, La Tombe de Ligeia, ou La Chambre des Tortures. Si le film est parfois graphiquement assez réussi en parvenant à retranscrire partiellement l'ambiance gothique des films de Roger Corman c'est bien là sa seule et unique petite qualité.Le film de Sam Irvin semble prendre un peu les spectateurs pour des abrutis incapable de comprendre l'aspect parodique du film si tout n'est pas surligné au feutre gras jusqu'à la caricature la plus ridicule. Tout est tellement appuyé, lourdement amplifié et grassement martelé sans une once de subtilité que tout devient assez affligeant de bêtise. Les effets spéciaux doivent être plus pourri que mauvais, les décors plus bidon que du carton, les acteurs doivent cabotiner comme des damnés à coup de grimaces et de roulements des yeux et les gags poussifs sont surlignés par des effets sonores et des bruitages de cartoon comme si aucun ne se suffisait en lui même. Le seul gag qui fonctionne un peu est l'acteur roumain Gabi Andronache dont le doublage est affreusement désynchronisé de son jeu laborieux, un gag réussi peut être justement parce qu'il n'était pas écrit à l'avance. C'est donc avec une vraie tristesse pour le personnage d'Elvira que l'on tente de tenir jusqu'au bout de ce film qui s'agite bruyamment pour être drôle sans jamais parvenir à arracher un sourire.
Pauvre Cassandra Peterson !! Comment la comédienne a t-elle pu aussi paresseusement saborder son personnage d'icône pop et la puissance badass de sa féminité pour n'être à l'écran qu'une bimbo gothique et stupide . Envolée la gouaille frondeuse de la femme forte, perdu l'érotisme si fièrement affichée, oubliée la candeur provocatrice d'une attitude bien fuck off, terminé la profondeur derrière le maquillage outrancier de la façade ... Elvira n'est plus ici qu'un pantin de comédie désarticulé au grès d'un scénario poussif et sans fond.
Elvira et le Château Hanté est une suite d'autant plus inutile qu'elle n'en est pas vraiment une, son seul mérite est de nous faire comprendre à quel point le film de 1988 était et restera une très bonne comédie. Quant à l'hommage à Vincent Price il est aussi pertinent que si les Charlots contre Dracula était dédié à Bela Lugosi.