Entrez dans son antre intérieur

Ce film est surprenant parce qu'il ne fait pas vraiment son époque, il est un peu en dehors du temps. En effet, pour un produit issu des années 2000, les années 70 et les inspirations burlesques Italiennes d'antan sont vachement présentes ! C'est sans doute même la plus grande ambition du film, tenter l'intemporalité en la distillant d'hommages plus ou moins explicites. L'histoire est donc celle d'Elvira, chanteuse tellement sexy qu'elle peut se taper le Luxembourg sur elle (d'après le film), accompagnée de sa servante forcément plus incommode, qui est hébergée dans un château à la Dracula habitée par une famille des plus... pittoresquement macabre. OK, c'est du vu et revu. C'est le traitement, parodique de la grande époque, qui compte. Et pour cela, le film compte de nombreux atouts d'identification : son héroïne "bonne vivante" et très très libérée ; le brisage du quatrième mur à plusieurs reprises (dont un à la fin du climax !) ; des gags jouant sur leur rythme... Et, surtout, sa diégèse qui a un pied dans le fantastique et un pied dans la comédie. Il trépigne entre les deux, ne sachant que choisir, jusqu'à ce que le spectateur tranche : une fantaisie fantastique. Parce qu'en bien même le film est truffé de gags, le problème est qu'il est persuadé à chaque fois de ses effets, il les croit provocateurs grâce à sa "star". Or, non seulement le fait de faire une vanne de cul n'est plus audacieux depuis les années 60, mais en plus elles ne semblent pas particulièrement inspirées, donc baser tout l'humour du film sur des insinuations et des fausses piques audacieuses de son héroïne, ça ne marche pas : le film n'est pas drôle. Il fait sourire, mais il ne fait pas rire. D'où vient ces sourires ? De son ambiance délicieusement Italienne, du plaisir qu'on a à être à la fois écœuré et charmé par cette Elvira qui, reconnaissons-le, ne manque pas de piment, de toute la galerie familiale qui surjoue constamment comme dans un Opéra absurde, de ces décors caricaturés etc. Le long-métrage sonne vraiment comme un film récréatif, rien n'est vraiment pris au sérieux. Sam Irvin s'amuse tranquillement, effectue peu de mouvements de caméra mais beaucoup de jeux de plongée/contre-plongée. Globalement, on s'amuse, donc ! Dommage qu'en terme d'atmosphère, de proposition, ça finisse rapidement par tourner en rond. La recette ne varie pas, les personnages n’évoluent pas, la mise en scène ne cherche pas à changer quoi que ce soit. Du coup, lorsque l'on atteint des scènes purement transitoires (par exemple, Elvira qui explora la bâtisse), cela devient une longueur, et on attend que l'action se relance de plus belle en mode croquis de croquant. C'est ballot, parce qu'effectivement, le film parle beaucoup des problèmes liés au poids d'une histoire familiale, ainsi que de l'héritage subis par les membres restants. C'est un sujet qui est traité ici d'une manière "Halloween", volontiers farceur, mais on sent un vrai fond cynique, et parfois même sérieusement critique, surtout dans le dernier quart d'heure.
Globalement, c'est un bon divertissement, avec une ambiance qui peut facilement emporter, totalement dirigée par une héroïne qui ne peut pas laisser indifférent ! La maîtresse des Ténèbres aura toujours une place pour vous dans son antre intérieur, aussi étroit que puisse s'y recueillir le monde.