En Fanfare : une ode à la fraternité comme remède aux fractures sociales

En Fanfare raconte la rencontre entre 2 mondes que tout oppose. Thibault est un chef d'orchestre reconnu. Il joue à la Philharmonie de Paris, fait des tournées internationales, passe dans le 20h de TF1, et a une "tête de premier de la classe". Jimmy habite dans le Nord, en zone rurale. Il a un job alimentaire, est divorcé et habite dans une zone en déclin économique (fermeture d’usine).

Au début du film, on découvre que Thibault a un problème de santé, et a besoin d'un don d'organe. Pour que ce soit efficace, il faut un don d'un membre de sa famille. C'est ainsi qu'il découvre qu'il est adopté, et ça le pousse à faire la rencontre de son frère, dont il ignorait l'existence : Jimmy. Ce dernier accepte le don d'organe. De là commence une amitié improbable.

On apprend aussi à connaître les 2 personnages, des personnalités que tout oppose. Thibault est ambitieux, extraverti, élégant, a confiance en lui. Jimmy est très renfermé, un peu rustre, et a un gros manque de confiance en lui.

Cependant 1 chose les unit : leur passion pour la musique. Jimmy est un grand fan de jazz, joue dans la fanfare locale et est très doué.

Leur rencontre va faire beaucoup de bien à Jimmy, et Thibault va faire beaucoup pour son frères tout du long du film. Il va notamment l'aider à devenir chef d'orchestre, va tenter d'aider la fanfare à garder sa salle de répétition et va tenter d'aider les grévistes à ce que leur usine ne ferme pas. Tous ces efforts pour son frère.

Après plusieurs péripéties, le film termine sur une image symbolique : La rencontre entre la musique classique et l'orchestre de Thibault, et la fanfare menée par Jimmy. Cette scène illustre comment deux mondes que tout oppose peuvent s'entendre, et faire émerger de belles choses.

J'ai trouvé le film très bien construit. Pas de lenteurs. Le jeu d'acteurs est excellent, on se prend d'empathie pour les personnages et on vit les moments avec eux. L'opposition entre les mondes et les frères est très frappante, de par les jeux d'acteurs, mais aussi les ambiances et décors. J'ai trouvé le film aussi très subtil, avec une vraie profondeur dans les personnages, et des parallèles entre l'histoire des 2 frères, et celles des 2 mondes, très bien dosé pour laisser place à un visionnage très subjectif tout en donnant quelques indices.

Ce que j'aime le plus dans ce film, c'est l'interprétation que j'en fais, et comment le film me guide vers elle.

Tout d'abord, c'est l'histoire de la rencontre entre 2 frères, qui vont dépasser ce qui les oppose pour se sauver l'un l'autre. Jimmy donne son organe, et Thibault aide Jimmy à prendre confiance en lui et avancer dans sa vie. Grâce à l'amour de son frère, Jimmy va démissionner d'un travail qu'il n'aime pas, embrasser la femme qu'il aime, apprendre à se livrer à ses proches, devenir le chef d'orchestre de la fanfare locale... Ca nous rappelle l'importance de nos histoires familiales et de l'amour qu'on donne aux autres.

Puis, derrière cette simple histoire entre deux êtres humains, le film aborde des sujets sociétaux graves : désindustrialisation, déclin économique et culturel, précarité, mépris de classe... La fanfare devient une métaphore de la résistance des habitants pour garder leur humanité, leur dignité et leur culture face à leur monde qui s'effondre.

On vit aussi la fracture entre les 2 mondes, ruraux et urbains, de l'élite qui réussi, et des zones en déclin.

Et le message de fin est positif : ces deux monde peuvent se parler et faire de belles choses ensemble.

Enfin, c'est la combinaison de ces 2 interprétations qui rend le film puissant. Thibault aide son frère, il prend un rôle de grand frère, qui donne confiance à Jimmy. Thibault représente cette élite urbaine aisée et privilégiée, qui réussit. Il a tout pour être heureux sur le papier. Mais c'est aux côtés de son frère, et en le voyant grandir qu'il semble le plus heureux. Et c'est le rôle qu'il prend durant le film. Il s'appuie sur ses compétences, sur son argent, sur sa notoriété, pour aider son frère. Et il y arrive car la scène finale, c'est la réalisation d'une vie pour Jimmy, qui dirige un orchestre à la Philharmonie le temps d'un Bolero. Et si c'était une invitation aux classes aisées, à l'"élite", de reprendre leur rôle dans notre société et de mettre leur énergie, d'utiliser leurs actifs et privilèges au services des autres classes sociales en difficulté ? Une invitation à remplir leur devoir, mais aussi à redécouvrir toutes les joies qui l'accompagnent.