Ce film m'a fait voyagé dans diverses interprétations, jusqu'à progressivement dévoiler une vision complexe et positive de ce que nous sommes.
Ce que j'ai vu dans ce film, c'est d'abord comment la violence invite à la violence. D'abord par une escalade entre Anthony et Yassin. On se demande jusqu'où ça va aller, quand cette boucle infernale va s'arrêter. On frôle le meurtre plusieurs fois. J'ai cru que c'était ça, le message du film, durant la première partie : la violence appelle la violence.
En parallèle, on comprend que cette violence vient de leur environnement familial, de pères tous deux très violents. Ce qui fait directement écho au titre du film. J'ai aussi cru que c'était ça, le message : La violence des parents sera reproduite par leurs enfants. Un déterminisme familial.
Puis, ce que j'ai vu, c'est une inversion progressive de cette ambiance. Les 2 grandissent, ont leurs propres expériences amoureuses et professionnelles par exemple. La tension s'apaise, et devient de plus en plus secondaire. Jusqu'à deux moments clés : le suicide du père d'Anthony sous les yeux de Yassin, qui initialement le suivait pour lui faire du mal, mais se retrouve à vouloir le sauver. Puis l'accolade de Yassin et Anthony lors de la victoire de la France en demi-finale de la coupe du monde. On comprend que les 2 sont passés à autre chose, et qu'ils construisent leur vie au-delà de leur vie d'enfant. J'ai cru comprendre alors que le film nous disait l'inverse de mon interprétation précédente : nous pouvons nous émanciper de nos histoires familiales. Nous pouvons dépasser par notre humanité et nos expériences ce qui nous déterminait plus jeune. Finalement, ce sont leurs enfants, ils arrivent après eux, mais ils ne sont pas juste eux. Ils sont plus que ça.
Enfin, à la fin du film, Anthony emprunte la moto de Yassin. Clin d'oeil revanchard du début du film, et on ne sait pas vraiment s'il a l'intention de la lui rendre. Après être allé voir la fille de ses rêves, qu'il va croiser tout au long de l'intrigue, et de comprendre enfin qu'il ne représente rien pour elle, on se demande s'il va vriller à nouveau. Nous vivons alors quelques souvenirs heureux d'Anthony, souvenirs de ses parents, là pour lui, qui l'ont soutenu et lui ont donné de l'amour dans les moments difficiles. Suite à cela, il appelle Yassin, et lui rend sa moto. Comme si ces souvenirs d'amour lui avaient donné la force de ne pas retomber dans la haine.
Bref, ce film m'a beaucoup parlé, il passe avec beaucoup de justesse des messages qui mériteraient d'être plus entendus. J'ai oscillé entre les interprétations et retiendrait que c'est un mélange de tout : Ce sont leurs enfants, ils reproduisent leurs erreurs. Mais ils vont au-delà. Et ce qui leur donne la force, c'est l'amour qu'ils leur auront donné.
Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié l'ambiance avec ce décor et cette atmosphère de la France rurale des années 90. J'ai aussi été très pris par le film, avec une tension et un suspens toujours présents, et ne sachant jamais vraiment où il nous emmène. Je n'aurai jamais deviné la fin. Une belle surprise.