Dès l’ouverture du film, on assiste à une trame mystérieuse qui contaminera tout le film jusqu’à rendre l’ambiance « glauque ».
Dans la ville de Toronto, on se concentre sur Adam Bell, professeur d’Histoire dans une faculté qui vit son train-train quotidien caractérisé par ses cours donc, sa petite amie Mary et son petit appartement. Rien de plus banal. Mais quand un jour, il voit quelqu'un lui ressemblant comme deux goutes d’eau dans un film, conseillé par un collègue, celui-ci est perturbé à tel point qu’il ne sait plus y faire avec sa copine et qu’il arrive en retard en cours.
Adam apprend que ce qui semble être son alter-ego existe bien et est un comédien du nom d’Anthony Claire. Il a une femme enceinte de six mois. Après moult hésitations des deux côtés, les deux protagonistes, différents dans leurs caractères, décident de se rencontrer. Démarre alors un jeu d’observation les mettant en opposition où seuls eux sont d’abord investis puis leurs compagnes respectives…


Spoil (puis conclusion):


Nous disposons des 3 êtres principaux soit Adam, Anthony et Helen (qui est la femme « légitime », ce qui fait de Mary la maîtresse). Adam et Anthony forment un tout que nous nommerons « A ». Anthony correspondrait à la dimension impulsive d’A tandis qu’Adam de par son caractère plus en retrait et timide, représenterait la dimension plus stable d’A (dans la peau du mari aimant d’Helen). La part Anthony trompe sa femme et par conséquent joue un rôle auprès de celle-ci ainsi qu'auprès de sa maîtresse (ce qui justifierait son métier d’acteur, une profession dans laquelle l’individu se grime en quelqu’un d’autre).


On avance de plus en plus en terre sibylline comme si nous étions en danger, à l’image de A affrontant les doutes de sa femme concernant l’adultère, qui va être d’ailleurs abordé à un moment du film entre Anthony et Helen (de surcroît la clé symbolise une échappée, une autre voie et donc l’adultère; et l’araignée symbolise un prédateur). A veut lutter contre sa dimension impulsive qui le pousse à tromper sa femme jusqu’à essayer de la tuer avec Mary, concubine dont il s’était attaché. Mais l’adultère et le pardon accordé par Helen qui en découle est difficile à obtenir (voir la fin du film).


Pour en revenir aux deux dimensions de l’être A, le dédoublement Adam / Anthony s’explique et est matérialisé par l’image que le héros tient lorsqu’il est au côté de l’une ou au côté de l'autre (la trace de l’alliance repérée soudainement par Mary nous l’indique). Dans ce film, les femmes n’ont donc pas une énorme présence à l’écran mais détermine notre vision finale du long-métrage.


Voilà c’est mon interprétation.


Jake Gyllenhaal est bluffant lorsqu’il porte ces deux rôles. Tous les autres acteurs (les actrices notamment de par leur importance capitale dans l'élaboration de l'histoire) sont justes dans leur performance. La photographie est efficace pour narrer ce combat psychologico-schizophrénique, elle contribue grâce au filtre jaunâtre à l’aspect, caractérisé plus haut de « glauque ». Dans le même ordre d’idée, la réalisation est d’un rythme lent mais qui pour autant est dynamique dans sa manière de glisser discrètement d’un décor à l’autre lorsque nous suivons Adam qui lui-même suit Anthony. La musique suit le même objectif.
Il s’agit d’un bon film, rempli de signes, bien fait et qui fait réfléchir sur la dissection émotionnelle d’un être !

Irénée_B__Markovic
8

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le 9 oct. 2015

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Ikarovic

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