Avec un titre pareil et David Lynch en tant que réalisateur, Eraserhead ne peut qu'être un film totalement, mais je dis bien totalement déjanté.
Une ambiance inqualifiable s'installe dès les premières secondes. Ces personnages détraqués aux gestes et aux mouvements déroutants, ce fond sonore perturbant fait de bruits mécaniques, ces dialogues insensés, cette coupe de cheveux électrifiée, cette femme à l'allure de petite fille et aux joues platrées dans un radiateur, ce poulet aux ailes crissantes, cet homme défiguré tirant les manettes de ce monde de fous, cette fabrique de gommes à crayons à partir de cerveaux humains, cette Marie nevrosée et ses bruits de bouche épouvantables, mais surtout ce bébé... ce bébé diforme à l'image d'un spermatozoïde mutant enveloppé dans ces bandelettes blanches, ce bébé pleurant, reniflant, et criant à en déchirer le coeur.
Ce film halluciné atteint un tel niveau de surréalisme que le résultat final paraît presque invraissemblable. Après dix minutes de film, t'acceptes de devenir fou. Tu comprends que t'es plongé dans un tout autre univers, un univers irréel et unique, celui de David Lynch.
Entre glauque, humoristique et malsain, Eraserhead est un des film les plus dérangeants qui soit, et cette athmosphère plus que déroutante est accentuée par cette faible luminosité et ces plans en noir et blanc très contrastés.
De plus, Eraserhead fut déterminant dans la suite de la carrière cinématographique de David Lynch. On retouve certains éléments dans ce film, si petits qu'ils soient, qu'il réutilisera dans les suivants, ainsi que ce Jack Nance au regard parfait qui le suivra en tant qu'acteur dans d'autres de ses films, notament Twin Peaks et Blue Velvet.
Pour moi c'est clair, ce premier film de David Lynch, cette création unique au monde, est sans aucun doute un des meilleurs films jamais réalisés dans toute l'histoire du cinéma.
Il faut le voir pour comprendre.