Difficile d'aborder Essential Killing, un film qui se nourrit et établit son récit sur l'illisibilité, l'effacement des repères. Le problème est un peu le même que pour un film comme Dead man dans la manière d'appréhender le cinéma ( je sens déjà les pierres d'une future lapidation pour avoir dit ça ) où le réalisateur cherche à vider le film de références qu'elles quelles soient afin de servir une matière brute, bien que dans les deux films l'objectif ne soit pas le même : recherche de la pureté dans Dead man, exploration de l'inconnu dans Essential Killing. Mais à force d'épurer le film, de le vider (a priori) de sens, ne finit-il pas par n'avoir plus aucun intérêt ? Si l'idée est de faire parler les images, ne faut-il pas des images qui parlent ? Or le film n'arrive pas toujours à donner de l'ampleur à la photographie, ni de parvient à faire pâtir le spectateur des souffrances du personnage de Vincent Gallo.


Le film est froid, inamical, primaire même, il ramène l'homme à sa condition sauvage, c'est très clair avec les rencontres successives de Mohammed qui petit à petit se rapprochent d'une forme civilisée tel qu'on la conçoit aujourd'hui ( jusqu'à la maison ), mais où à chaque fois il ne trouvera pas d'intérêt à rester. C'est que c'est un film sur l'errance ( sur la fuite ? ), même si elle prend parfois la forme d'une mission toutefois jamais si marquées qu'elles peuvent le paraître avec les échos à la religion musulmane pour mieux entrer dans la logique évoquée plus haut de la non-affiliation à quelques mouvements politiques, culturels, idéologiques que ce soit. Universel ou totalement inhumain, le film se murit après le visionnage, qui peut lui dérouter et décevoir, mais demande un effort d'ouverture assez conséquent qui peut paraître désagréable d'autant plus que la réalisation de Skolimowski n'aide pas vraiment à le faire avec un plaisir cinématographique certain, disons plutôt qu'on a à faire à une exploration difficile de l'existence et de la finitude.
Heisenberg
4
Écrit par

Créée

le 19 juil. 2011

Critique lue 480 fois

4 j'aime

1 commentaire

Heisenberg

Écrit par

Critique lue 480 fois

4
1

D'autres avis sur Essential Killing

Essential Killing
Sergent_Pepper
8

du Malick dark side.

Un film muet et plastiquement splendide. La survie, la fuite, l'errance et la douleur physique déshumanisent l'homme qui, devenu animal, finit par fusionner avec le décor. C'est du Malick dark side...

le 19 juin 2013

17 j'aime

2

Essential Killing
Nushku
6

De bon ingrédients, un plat raté ?

Tout comme 127 Hours, la recette est fort alléchante. Sur le papier, tous les ingrédients sont là pour un plat savoureux : un concept simple mais fort, une chasse à l'homme, de la survie en milieu...

le 12 avr. 2011

17 j'aime

Essential Killing
mymp
2

Nature morte

Essential killing, ou l’histoire du verre à moitié plein ou du verre à moitié vide : c’est soit un film trop neuneu plombé par une métaphysique de bazar, soit pas assez radical ni impressionnant à...

Par

le 21 oct. 2022

12 j'aime

1

Du même critique

Community
Heisenberg
10

"Totally Meta"

Dire que Community s'apprécie proportionnellement au degré de connaissance de la culture populaire américaine est partiellement faux. S'il est indéniable que le fonctionnement ultra-référentiel de la...

le 4 janv. 2012

188 j'aime

14

The Infamous
Heisenberg
10

"They shook 'cause ain't no such things as halfway crooks"

C'est peut être dur à imaginer, mais Mobb Deep n'a pas toujours eu la renommée qu'on leur connait actuellement. En effet, leur premier album Juvenile Hell, où Havoc arbore une faucille sur la...

le 4 févr. 2012

102 j'aime

8

The Master
Heisenberg
9

Complexes deux types

The Master, et c'est l'apanage des grands films tels que je les perçois, cache derrière sa perfection esthétique, sa classe et sa mise en scène d'une précision horlogère, des tournures narratives un...

le 5 déc. 2012

95 j'aime

16