Mélo apaisé
Sept ans après son dernier film de fiction, et après deux documentaires, le grand cinéaste allemand Wim Wenders revient à la fiction en 2015 avec Every thing will be fine, un mélodrame qui sait...
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le 14 avr. 2020
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C'est un film construit comme un haïku, en ellipses étranges et étirements de pointillés qui s'étendent sur plus de 10 à 15 ans. Wenders qui a quand même une antenne au Japon (remember Tokyo-ga) mais ses grosses papattes aux USA depuis un moment filme les petits rien, de ceux qui naissent face à une joie certaine ou une douleur sourde. Des extrêmes qui convolent aussi bien la mort et l'idée de mort que plusieurs échelles de sentiments. D'où une histoire presque banale d'où sourde une étrange tension pas toujours palpable pour certains, où les fragments parfois les plus incongrus et cassants se révèlent dans toute leur inquiétude, porteurs d'une possible catastrophe imminente (ce gamin avec un revolver qui n'est pourtant pas le danger immédiat --le flingue est un jouet mais on se laisse piéger; cette silhouette de rôdeur qui se dédouble, d'abord cachée derrière un arbre puis avance lentement, immatérielle, informe et pourtant pas franchement nette mais que l'on sait pas forcément dangereuse).
Et au milieu de ça, l'Art comme catharsis, mais aussi piège où se renfermer bêtement (la distance insipide puis vaguement irritante qu'adopte finalement Franco tout le long avant un court face à face final avec son ex, des années plus tard, Rachel McAdams qui lui dira ses quatre vérités). Wenders filme les conséquences, les déplacements, ce qui se passe si l'on tire lentement sur la ficelle pour capter ce qu'il y a tout au bout, non pas juste après le mouvement. La 3D justifie ces échelles de focales, ces jeux entre l'avant-plan et l'arrière qui illustrent à chaque fois furtivement les vertiges d'un personnage qui croit, parce qu'il écrit et qu'il peut coucher une part de vérité sur la vie et le monde qu'il détient forcément la clé mais fatalement ne capte que des bribes éparses au contraire d'autres (Charlotte Gainsbourg, le jeune garçon).
Ce n'est que dans un face à face avec celui qui aurait pu être son fils qu'un semblant de dialogue peut aboutir, et un sourire et l'espérance d'entrevoir l'après que le personnage ressort enfin grandi. Mine de rien en grand fan d'Ozu, Wenders vient de filmer la vie d'une aussi belle manière que par le passé, sans doute encore plus radicalement au risque d'en ennuyer ses spectateurs mais qu'importe, voilà un cinéaste qui continue son chemin avec toujours une belle idée d'avance sur le cinéma.
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Créée
le 31 janv. 2017
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