Rarement j'aurais eu autant de mal à poser à l'écrit mes impressions à propos d'un film, mais j'ai quelques explications qui mine de rien donnent de bons indices quant à mon appréciation.
Tout d'abord lors de son exploitation en salle, j'ai pour ma part été totalement refroidi devant l'enthousiasme, la dithyrambe unanime qui animait la sphère critique et publique. J'ai tellement d'exemples de films qui ont reçu éloges et superlatifs absolus, qui lorsque je les ai découverts m'ont soit carrément déplus, soit laissé un sentiment sinon négatif, en tout cas loin de l'attente que j'y avais mis.
Du coup, je m'étais abstenu de le voir en salle, préférant attendre son édition physique et laisser le soufflé retomber et me libérer de façon subjective de sa réputation.
D'autres éléments qui réfrénaient mon envie, résidait dans le concept de multivers, une idée de scénario qui a tendance de plus en plus à m'agacer, un peu à l'image des flash-backs qui dans le cinéma mondial datant grosso modo d'avant la pandémie, paraissait le passage obligé mais dévoilaient d'avantage les faiblesses et les manquements de scénarii qu'un réel outil de narration, je commence à ressentir peu ou prou la même défiance vis à vis de ces films exploitant ce filon. Il y avait enfin, toute la litanie émanant de l'intelligentsia, à propos de toutes les références plus ou moins obscurs, plus ou moins populaires dont le film serait parsemé, me laissant penser que je verrai le parfait petit illustré du cinéphile averti.
Une publicité par trop unanime confirmé par son palmarès aux Oscar, une narration s'ancrant dans un concept multivers qui constitue presque en ce qui me concerne une raison de passer mon tour et des multitudes de citations pour permettre de se sentir plus intelligent sitôt qu'on les a toutes et ostracisé dès lors qu'on en rate une. Bref je ne partais pas gagnant.
Ajoutez à cela qu'une première tentative de visionnage s'est soldé par un abandon lâche au bout de vingt minutes, au bout desquelles, je comprenais qu'en plus j'étais face à un film qui ne me laisserait aucun répit, une œuvre d'où les pauses, respirations et autres moments contemplatifs seraient absents, or à mon âge avancé, ma santé tant physique que mentale exige ces instants.
J'ai donc finalement vu la chose.
Bravo ! Sans avoir fait tomber l'intégralité de mes réticences, le film a néanmoins réussi à m'intéresser, non pas à me passionner, ni à le propulser aux sommets de mes classements personnels, mais à réveiller en moi quelque chose de l'ordre de l'empathie si tant est qu'on puisse parler d'empathie vis à vis d'un film. Un aspect qui m'a particulièrement séduit et convaincu, que pourtant j'ai vu peu d'analyses soulever, est l'écriture et la caractérisation des personnages, leurs relations, leurs courages discrets ou leurs couardises de confort.
L'utilisation pour incarner ces personnages de figures d'un cinéma qu'on devine aisément être le cinéma qui a construit la cinéphilie des deux réalisateurs, mais presque à contre emploi m'a paru être un partie pris à saluer, de la même façon les références existent bel et bien mais ont la politesse de servir le récit, de ne jamais être mises là pour satisfaire le public, ça parait bête mais je n'avais pas vu ça depuis l'excellent (oui oui l'excellent démerdez vous !) Ready Player One (2018), qui à l'instar de celui-ci pose ses influences comme des outils de narrations et distille ça et là quelques clins d'œil complices mais pas cyniques sous formes d'"easter eggs" qui quand vous les repérez suscitent des émotions variées et agréables à ressentir, mais qui a contrario ne vous donne pas l'impression désagréable d'être exclus si vous n'avez pas la réf.
Toutefois, le rythme survolté, m'a laissé en dehors à de nombreuses reprises et m'empêchent de totalement adhérer à ce film, tout comme sa durée mais c'est lié à cette explosion permanente et ininterrompue, car paradoxalement la relativité du temps m'est moins pénible et même plus plaisante avec des films plus longs mais plus calmes.
Je suis bien conscient que cette critique a le cul entre deux chaises, mais même après plus d'un mois à avoir digérer la proposition je n'arrive toujours pas à définir si je suis majoritairement séduit ou juste pas concerné.