J'avoue, quand j'ai vu les premiers trailers d'Everything Everywhere All at Once, je me suis dit "Ouch. ça passe ou ça casse". J'étais, évidemment, séduit par la loufoquerie de la proposition, mais je craignais un simple film de Kung Fu barré tendance super-héros un peu méta, sans beaucoup plus d'envergure qu'un Shang Chi (que j'ai positivement détesté), l'excentricité formelle en sus.
Et si l'abominable doublage français a failli me laisser d'emblée sur le carreau, sans espoir de volte-face ou de rédemption par les zygomatiques, je ressors du ciné souriant, secoué et conquis.
Tant pis alors si je joins ma voix à celle de la hype, je suis obligé de l'admettre, EAAIO est le film de tous les ex : excentrique, excellent, exceptionnel, extraordinaire, moins pour son caractère déjanté à dix-mille-pour-cent et son humour parfois embarrassant de (lour)dinguerie (et pourtant, ça marche !), que pour la simplicité percutante de sa métaphore familiale.
Bourré d'idées jusqu'à la folie, d'une générosité sans borne, profond, dément, profondément absurde, absurdement habile, solaire jusque dans son antagoniste, radieuse, on en prend plein les yeux et plein le coeur avec - dans ce monde comme dans tous les autres et les autres au-delà.
Une belle leçon de créativité, d'audace (d'insolence, même) et de courage, parfois un rien trop prétentieuse, souvent plus géniale qu'elle ne voudrait l'être, croisant la naïveté acidulée d'un Scott Pilgrim à la potacherie escapiste d'un Bob et Silent Jay période Dogma (ou, plus proche de nous, d'un John dies at the End) ; condensé en un mind trip de presque deux heures et demi que les âmes cinéphiliques aventureuses n'auront pas le droit de manquer, au risque de s'en mordre les doigts (les vrais savent).
Et le spectateur conquis de soupirer d'aise.
Enfin. Le multivers, le vrai.
Enfin, le cinéma.
Ratontatouille for the win.