"Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, Pour réjouir un cœur qui fuit la vérité ?"

Je dois dire le visionnage de ce film fut particulier. Je suis passé de l'admiration, à la sympathie puis ensuite, avec la fin,à une certaine circonspection. Mais c'est en repensant au film que celui-ci à vraiment révélé toute sa splendeur et toutes ses qualitées.


Ce qui se révèle passionnant pendant et après le visionnage c'est tout le jeu entre la réalité et le factice. Cela passe notamment par la mise en scène, ayant un style documentaire mais néanmoins usant de certains artifices de mise en scène très visible. Notamment des ralentis où, par la qualité de l'image pas super, on descend en dessous de 24 images par secondes. Cela donne alors quelques scène un peu saccadées. Mais pourtant cela arrive à nous toucher. Malgré ces artifices très visibles une forme de vérité arrive à nous touché. Et c'est justement toute la réflexion du film. Cette agence qui engage des gens pour mimer la réalité fait pourtant vivre de vrais émotions. Je pense notamment à une scène où Yuichi et Mahiro ce font prendre en photo et que le lorsque Mahiro redemande le téléphone celui-ci fait alors un sketch de mime. Et même si on apprend juste après que cela n'est pas un hasard mais que c'est orchestré par Family Romance, cela fait quand même très plaisir à Mahiro et aussi cela nous fait rire nous, spectateur. Je pourrais aussi parler du spectacle de combat samouraïs mais où évidement toutes les blessures sont mimées. Malgré l'artifice visible, cela justement reste suffisamment bien fait pour que l'on se prenne au jeu. Le combat est faux mais l'on est tout de même prit par celui-ci.


Mais Herzog ne va pas cependant être entièrement positif sur la chose, il va aussi en montrer les défauts. Et ceci de manière très fine sans être accusateur ou autre mais juste en montrant et en laissant le spectateur prendre la chose comme elle est. Notamment une séquence où une femme demande aux acteurs de l'entreprise de jouer des paparazzis qui la prennent en photo pour avoir l'impression d'être une célébrité. Cela est assez pathétique comme façon de fuir la réalité. Ou bien encore une dame qui a gagner au loto 180 000$ et qui, car ayant eu une vie assez misérable, veut revivre ce moment de joie intense. Chose qu'elle n'a que trop rarement vécue. Cela est à la fois très beau, très touchant et très triste.


Il y a pourtant encore autre chose que j'ai beaucoup aimé, c'est le personnage principale. Alors les autres personnages sont très bien, extrêmement touchants eux aussi. Mais Yuichi est un personnage si dramatique que cela ma beaucoup plu. Comme il le dit lui même c'est un caméléon, sauf que même si il donne une impression de réel cela reste factice. Il n'est pas le rôle qu'il joue, il ne change pas réellement la réalité qui reste inébranlable. D'ailleurs lors d'une scène avec des robots poissons, ceux-ci mimant de vrai poissons, on peut voir son reflet dans l’aquarium. Il est un peu comme eux, tout cela n'est que de l'apparat et on ne sait pas ce qui ce passe dans sa tête, dans son être. D'ailleurs serait-il comme ces poissons robotique, ne faisant que mimer sans rien être à l'intérieur ? Toutes ses questions très mélancolique participe à la force de ce personnage. La fin de l'histoire étant très tragique car la relation, fausse, qu'il a avec Mahiro devient vrai. Elle s’attache à lui et il commence à s'attacher à elle. Il coupe donc alors totalement les ponts, malgré les demandes de la mère qui lui propose de vivre avec eux. Son rôle devient son être et cela est trop pour lui. Ce qui finit d'ailleurs sur une scène final, que je n'ai pas comprise directement mais qui en y repensant est incroyable. En revenant chez lui il n'arrive pas à ouvrir la porte. Car lui qui vit dans le faux a à présent peur de se confronter à la réalité. D'ailleurs lorsqu'il dit qu'il a peur que sa famille soit en réalité des acteurs montre bien toute la perdition du personnage ayant peur que la fiction, étant tellement vrai, soit partout. Le film ce finit sur les mains de sa fille derrière la vitre de sa porte un peu flou et lui les regardant. Regarder la réalité un peu déformer, un peu fausse, et ne plus être capable de différencier le réel du faux c'est son fardeau. Perso j'adore.


Le film est aussi, évidement, toute une métaphore sur la cinéma et le métier d'acteurs. Où peut-on allez pour un personnage ? Comment le faire mourir ? Qui est-on après avoir été tant de personnes ? Cette réalité alternative qu'est le cinéma, qu'apporte-elle ? À quoi sert-elle ? Malgré le faux, elle n'en reste pas moins un peu vrai, elle donne de vrai-fausse émotions. Mais jusqu'où va cette fiction dans le réel ? Est-ce que ce faux peu être tellement vrai qu'il rentre dans le réel ? Toutes ses questions et bien d'autres font que ce film (presque métafilm), même si il peut décontenancer en font une oeuvre magnifique, belle et surtout passionnante.


Je fais un petit paragraphe à part pour répondre à une critique d'un vidéaste dont je terrais le nom, ...hum In... The Panda... hum, qui aurait critiqué que le film soit de l'anticinéma et d'être aussi perturbé par le fait que cela mélange, maladroitement selon lui, documentaire et fiction. Bon au delà du mépris, volontaire ou non, de cette phrase elle est totalement fausse. Alors oui le film est laid par instant, il est perturbant avec des moment qui donne l'impression que c'est amateur. Mais déjà il faut bien ne rien connaitre au cinéma de Herzog pour critiquer le fait que l'on soit un peu perdu entre le documentaire et la fiction car cette perdition est présente chez Herzog depuis le début. Il y a toujours eu cette aspect quasi documentaire mais pas totalement dans ses fictions. Pour le côté amateur, Herzog à fait parmi les plus grands films du cinéma au monde. C'est un immense formaliste pouvant créer des cadres somptueux. Ce côté un peu amateur, un peu laid, ne servirais-il pas à quelque chose ? De brouiller un peu plus le rapport entre le vrai et le faux ? Nous montrant des artifices, par la techniques, du cinéma par ses défauts donnant justement paradoxalement un rapport avec le réel plus fort ?
Puis non ce n'est pas de l'anticinéma, c'est montrer une inculture et un mépris pour le cinéma de Herzog où ce film est dans une parfaite continuité. Surtout quand on a réaliser Dans La Boite... Que l'on aime pas le film ok, mais balancer ce genre de bêtise il vaudrait mieux s'abstenir.


Voilà parenthèse faite, le film est très bon, déconcertant, on peut ne pas accrocher mais il n'en reste pas moins passionnant en lui même et dans la continué de la filmographie du cinéaste, comme tout les films de Herzog d'ailleurs.

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le 24 août 2020

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