La guerrière marche
Le film de guerre se fait plus rarement du point de vue du vaincu. Et quand il l’est par le cinéma japonais avec le radicalisme qu’on peut lui connaitre, autant dire que le résultat va être...
le 30 mai 2018
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Vae victis, « Malheur aux vaincus ». Fin 1944, sur une île des Philippines encerclée par des flots de dévastations, le soldat malade, meurtri, erre dans une jungle de désolations. Tamura (Eiji Funakoshi) avec son air hagard, la démarche mécanique, halluciné même, transpose l’épuisement, la résignation la plus infinie, la folie. Vidé de sa substance, le japonais se cramponne à ses derniers instincts de survie. L’humanité a quitté depuis bien longtemps déjà cette contrée infestée de tous les maux laissés par le cataclysme. Dans un ultime sursaut d’obstination, Tamura rencontre sur sa route les pires atrocités jusqu’à l’inévitable fin, et plus encore : les confins d’une Humanité en crise.
Ichikawa, par une austérité implacable, un noir et blanc superbe et un récit post-champs de bataille brutalement réaliste –et fataliste, confère à son œuvre une authenticité rare, traduisant une souffrance et un désarroi ultimes. Nobi (« Les Feux dans la Plaine ») s’inscrit dans une veine d’âpreté, très noire, témoignant une volonté puissante et viscérale du réalisateur de dénoncer la ruine d’un monde, et des êtres qui le composent, après le passage de la Guerre. Un seul mot, lointain souvenir coppolien, résonne en écho dans mon esprit au sortir de la séance de Nobi : Horreur … Horreur.
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Créée
le 26 oct. 2017
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8 j'aime
2 commentaires
Le film de guerre se fait plus rarement du point de vue du vaincu. Et quand il l’est par le cinéma japonais avec le radicalisme qu’on peut lui connaitre, autant dire que le résultat va être...
le 30 mai 2018
18 j'aime
9
Si les films de guerre sont légion, rares sont ceux à dévoiler le contrecoup immédiat d’un champ de bataille. La plupart ne s’attarde pas sur les ruines. Une fois la charge terminée, ils s’en vont...
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le 1 sept. 2017
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5
Etonnant de se dire que le réalisateur de deux des plus grands films japonais anti guerre n'ait jamais réellement connu la guerre, de façon frontale, en tant qu'expérience. C'est d'ailleurs peut etre...
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le 3 févr. 2012
13 j'aime
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Un long plan d'un croisement de deux rues, au fond une maison. Tout est statique ou presque, quasi-figé. Nous nous attendons à ce qu'il s'y passe quelque chose. Une femme sort de la maison. Un...
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le 13 nov. 2015
48 j'aime
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Un homme. Solitaire. Tendre. Négligemment dépressif. Il est à la fois geek et épistolier talentueux. Théodore (Joaquin Phoenix) manie en effet avec brio les doux mots d'amour, telles que ses rimes...
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le 17 janv. 2015
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En fan absolu, j'avais forcément hâte de voir Cobain, The montage of heck, décrit comme le "plus intime et innovant documentaire jamais réalisé sur le chanteur". J'avais aussi cette appréhension,...
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le 4 juin 2015
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