La trattoria de Marcello souffre beaucoup de la concurrence chinoise. C'est l'inconvénient du libéralisme ça. Mais bon si on adopte un autre point de vue, la famille de Mei a longtemps souffert de la politique de l'enfant unique. C'est l'inconvénient de l'autoritarisme. Les deux univers viennent se percuter dans le quartier cosmopolite de l’Esquilino que Gabriel Mainetti filme en long, en large et en travers (probablement pour faire chier Giorgia Meloni). Marcello est un jeune cuisinier débrouillard qui vit pour rembourser ses dettes au vieux malfrat local. Mei est une chinoise bagarreuse qui cherche sa sœur disparue à Rome. Elle s'y fraye un chemin d'ecchymoses, à coups de middle kick sautés et de chassé-bas dans les mollets. Mr Wang, lui, ne négocie pas, "tu es fort, chinois". En mélangeant deux genres (le drame social et le film d'arts martiaux) qui n'ont pas l'habitude de l'être, Gabriel Mainetti place son public face à l'étranger (ce qui nous rappelle encore Giorgia, politiquement). La Cita Proibita est donc un Wuxia Romain qui raconte une opposition : Mafia xénophobe contre Triade orgueilleuse, Kung-fu contre Penne à l'arrabiata, chanson d'amour romaine tragique contre hip hop asiatique revendicatif, Gifles dans les faces contre Vespas sur les pavés, Tic contre Tac (ah non ! eux, ils font équipe). D'ailleurs le sachiez-vous ? en Italie, les deux tamias rangers du risque se prénomment "Cip et Ciop". Il y a même une Pizzeria romaine qui s'appelle comme ça. Elle est située sur la Via francesco di Benedetto. Si vous y allez, dites au patron que vous venez de ma part, il vous offrira un Marsala aux amandes.