Grosse déception que ce 1er film d'Alain Corneau, dans la mesure où d'abord, j'aime bien ce réalisateur et ensuite, j'étais avide de découvrir ce film d'anticipation noir. Or, je me suis ennuyé, assez nettement.

Fort heureusement, il est doté d'une belle distribution. Je n'en savais rien, j'avais vu qu'il y avait Michel Bouquet, mais je n'avais pas fait gaffe pour le reste, donc je suis allé de surprise en surprise. Agréables mais sans plus.

Il y a bien Michel Vitold que j'ai trouvé très bon. Francis Blanche a un rôle de pervers plutôt amusant. On imagine facilement sa jubilation à jouer ça. Daniel Ceccaldi toujours très propre. Et puis bien entendu, gros plaisir de revoir cet acteur étrange et plein de mystères qu'est Roland Dubillard.

Pour Michel Bouquet je suis un peu plus partagé. Je n'arrive toujours pas à être séduit par ce comédien si loué par ailleurs surtout pour ses prestations théâtrales. Encore réfractaire, je ne suis pas non plus dérangé par le jeu de l'acteur, c'est juste que je m'attends à des monts et merveilles qui n'apparaissent jamais à l'écran. Frustrant donc.

Ce qui me gêne le plus, c'est l'histoire et son traitement. Sur le papier, cette histoire de lutte politique entre les tenants de la dépénalisation des drogues (au profit de l'Etat et des multinationales) et les trafiquants qui y perdraient leurs prérogatives et les bénéfices afférents a tout de la belle promesse scénaristique. Mais le discours est asséné avec bien trop peu de force.

Parfois même, cela semble proche de la caricature, de la comédie. L'anticipation ou la politique fiction présentée n'est pas vraiment crédible, ne paraît pas bien sérieuse dans tous les cas. D'autant plus que les visions politiques, économiques, philosophiques ne sont pas toujours très fines. Bref, ça fait un peu bâclé.

Sur le plan technique surtout, on voit qu'Alain Corneau réalise là son premier film. Il prend des risques pas toujours heureux, c'est un peu maladroit par moments, avec cette sensation d'improvisation qui émerge dans l'action.

Les cadrages sont étranges. Cette réalisation met mal en scène certains comédiens qui pour quelques-uns n'ont même pas droit à un vrai gros plan. Pierre Maguelon n'est pas pris une seule fois de face par exemple ou alors de très loin (voir trombi). Il faut attendre au moins une heure pour que le personnage principal (Michel Bouquet) soit filmé en gros plan ou plan poitrine. C'est dire le tâtonnement du réalisateur!

Il y a un aspect amateur qui ne produit pas de résultat satisfaisant. Pas de poésie à la Mocky ici. Cela aurait pu déboucher sur une forme d'humour mais en fait cela contribue à enfoncer le film dans une sorte de marasme.

Du point de vue du rythme, le film est très long à se mettre en route. Sinon progressivement, sans pour autant être vif, le tempo s'énerve un chouïa.

Donc un coup d'épée dans l'eau pour Corneau. En tout cas je n'ai pas aimé.
Alligator
3
Écrit par

Créée

le 28 juil. 2014

Critique lue 889 fois

6 j'aime

2 commentaires

Alligator

Écrit par

Critique lue 889 fois

6
2

D'autres avis sur France société anonyme

France société anonyme
Boubakar
3

Une mauvaise curiosité.

Premier film d'Alain Corneau, France société anonyme est un film totalement invisible ; officiellement, il est seulement disponible en dvd dans un coffret dédié au réalisateur l'année de sa...

le 7 janv. 2012

3 j'aime

France société anonyme
Jean-Mariage
7

Foutraque, curieux, plutôt sympa.

Il s'agit du premier film du réalisateur Alain Corneau, un curieux film de politique fiction qui mélange les genres d'une manière assez foutraque : le film de gangster à l'américaine, la fable...

le 2 avr. 2019

2 j'aime

France société anonyme
AMCHI
3

Critique de France société anonyme par AMCHI

Une idée de départ ambitieuse mais le résultat est un ratage total, Alain Corneau sombre dans le ridicule à de multiples reprises, l'histoire est mal construite et n'attire jamais l'intérêt et ce...

le 27 janv. 2016

2 j'aime

2

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime