Quand Del Toro adapte sa version du monstre culte. Une réécriture poétique et symbolique.

Cela fait déjà quelques années que Guillermo Del Toro a rejoint Netflix pour y réaliser des long-métrages. Il y a 3 ans, il nous avait déjà apporté sa version de « Pinocchio » qui était excellente. Cette fois, il s’attaque à une des plus grandes légendes du cinéma et des monstres, Frankenstein. Guillermo Del Toro étant un réalisateur passionné et fasciné par les monstres de l’extérieur et de l’intérieur, comment ne pas être hypé ? Et donc, que vaut ce nouveau long-métrage ? Et bien, c’est du très bon visionnage, à tel point qu’on regrette qu’il ne soit pas sorti au cinéma car il l’aurait mérité.

Alors qu'un navire est bloqué dans la glace, ils tombent sur un homme blessé et une créature qui les attaquent pour avoir cet homme blessé. C'est alors que le blessé se réveille et commence à raconter son histoire au capitaine.

Positif

• Victor Frankenstein (Oscar Isaac) est un savant qui souhaite vaincre la mort a cause de la mort de sa mère et de cet ange noir qu’il voit dans ses rêves toutes les nuits. C’est un protagoniste intéressant à suivre dans ses projets et sa détermination pour les réussir malgré qu’on le traite de fou. En tout cas, il est intéressant dès la première fois qu’on le voit à l’écran.
• La Créature (Jacob Elordi) est une créature créée par Victor avec des restes d’autres personnes. Il arrive dans ce monde en tant qu’enfant naïf qui a besoin d’apprendre et progresse très lentement mais plus il avance, plus il devient humain souhaite se venger de la cruauté des hommes et surtout de son créateur. C’est un des personnages les mieux et un des plus intéressants à suivre de ce long-métrage, surtout dans son évolution.
• Elizabeth Harlander (Mia Goth) est la future femme de William. C’est une femme charmante avec une drôle de conception de la vie mais qui n’est pas fausse. En dehors de ça, c’est aussi une passionnée de sciences et d’insectes qui passe du bon temps avec Victor de temps en temps. Elle est assez attachante dans sa personnalité.
• William Frankenstein (Felix Kammerer) est le jeune frère de Victor. Il a toujours été le favori de leur père et il a du grandir loin de son frère à la mort de celui-ci. Aujourd’hui, il tente d’aider son frère à réaliser son projet pour lui rendre service, il est attachant mais un peu naïf malgré qu’il soit dévoué à sa future femme.
• Le capitaine Anderson (Lars Mikkelsen) est introduit dans l’introduction comme le spectateur qui va écouter le récit. Il n’est pas un personnage important mais son rôle se tient dans sa fonction pour le spectateur et c’est un capitaine qui tente réellement de protéger ses hommes.

• Concernant les relations, on en a plusieurs. On a la relation tertiaire entre Victor et William, un relation fraternelle où l’un est obsédé par sa création et l’autre cherche à l’aider pour être considéré par l’un mais en vain, ce n’est pas inintéressant. Ensuite, on a la relation amoureuse entre Victor et Elizabeth où les deux se rejoignent sur leur passion commune, la science, et s’ouvrent l’un à l’autre pour se rapprocher (même si ça ne prend pas la direction qu’on pensait). Enfin, il y a celle entre Victor et sa créature, une relation père-fils assez étrange où Victor perd patience et rappellerait son père mais avec plus de fureur. En tout cas, ça nous offre des relations intéressantes à suivre ici.

• Le long-métrage démarre par un équipage bloqué par la glace qui trouve un homme blessé avant qu’ils ne se fassent attaquer par une créature robuste et étrange qu’ils ont du mal à arrêter. Puis, l’homme finit par se réveiller et à souhaiter raconter son histoire à ce capitaine. C’est une introduction assez intéressante pour nous donner envie de savoir comment il en est arrivé là.

• Concernant l’évolution des personnages, ça dépend lesquels. On a Victor par rapport à son obsession de vaincre la mort, la créature par rapport à la vie, son apparence et comment certains le perçoivent ou encore Elizabeth par rapport à Victor et le cœur avant la science. En tout cas, on a des évolutions de personnages réellement intéressantes à suivre.

• En terme de symbolisme, c’est très intéressant. La créature pour Victor, Victor pour la créature, Elizabeth pour Victor et la créature, et vice-versa, la mort avec l’ange noir pour Victor, les parents de Victor pour lui, Victor pour William… Il y a réellement de très bonnes idées de symbolisme à suivre ici.

• On retrouve quelques messages assez évidents sur la beauté intérieure, le fait de ne pas se fier aux apparences (chose que certains devraient faire dans notre société d’ailleurs) ou encore l’ambition trop grande menée par son orgueil qui aveugle. En tout cas, ce sont des bons messages à retenir ici.

• On retrouve la thématique habituelle de la filmographie avec la fascination pour les monstres et qui sont les véritables monstres (de l’intérieur ou de l’extérieur). Ici, cette thématique est toujours présente et toujours abordée de manière intéressante.

• La mise en scène est toujours quelque chose que Del Toro maîtrise à sa manière. Des choix de plans intéressants pour des analyses, on comprend ce qui se passe par la mise en scène sans avoir besoin d’explication, c’est réellement du bon travail.

• Le final est très bien trouvé. C’est une très belle manière de conclure ce long-métrage pour le personnage concerné, surtout après ce récit et l’évolution qu’il vient d’avoir. En tout cas, c’est un final poétique et superbe qui nous est proposé.

• La construction narrative du long-métrage est intéressante car elle se base sur des points de vue de différents personnages. Les parties peuvent paraître longues (2) mais ça reste une bonne construction narrative de ce long-métrage.

• Sachant que le long-métrage se passe au milieu du XIXème siècle, l’époque est assez bien retranscrite ici. Que ce soit avec les costumes, les décors ou même les musiques, on arrive à croire que ça se passe pendant cette période.

• En terme d’inattendu, il est vrai que ce long-métrage surprend. Là où on pourrait s’attendre à ce que ça se passe d’une certaine manière, ce n’est pas le cas et on arrive tout d même à être surpris lors du visionnage.

• Les musiques sont réellement belles de ce long-métrage. Tous les thèmes ne restent pas en tête mais la plupart des musiques sont qualitatives et donnent envie de les réécouter en dehors du long-métrage.

• Le jeu d’acteur s’en sort bien. Vraiment, les acteurs et actrices sont réellement investis et ça se voit, déjà que certains d’entre eux ont déjà fait leurs preuves, ils gardent des bonnes performances ici.

• Question décors, le long-métrage s’en sort très bien. Quel que soit le lieu qu’on voit, on sent que les décors ont été travaillés comme il se doit et ils sont visuellement assez agréables à regarder.

• Les costumes sont très qualitatifs. Quel que soit le costume porté par n’importe quel personnage, on sent que les tenues ont été très travaillées en plus de bien définir les personnages.

• En dehors de quelques petits passages, les effets spéciaux sont plutôt bons. Vraiment, c’est un détail mais les FX qu’on voit s’en sortent réellement bien pour ce qu’ils proposent.

Négatif

• Étonnement, on a quelques petites blagues ici et là qui ne marchent pas forcément. Attention, on ne parle pas des moments de la créature où elle découvre la vie comme un enfant mais vraiment de petites blagues ici et là qui ne marchent pas comme le j’avais faim kiki...

• Soyons honnêtes, les FX s’en sortent mais on en a quelques uns qui piquent un petit pu les yeux. Par exemple, quand l’Ange noir révèle son visage, ce passage n’a pas des FX totalement travaillés en vérité. Enfin, le reste reste plutôt convaincant quand on y réfléchit.

• Alors, ce reproche est plus un regret qu’un reproche mais où est la référence du he is alive, alive !. C’est un détail mais il fallait absolument refaire cette référence ici, c’était le bon moment mais c’est peut-être un choix compréhensible.

• La tension fonctionne peu. Après, ce n’est pas vraiment un long-métrage qui est censé nous faire ressentir de la tension mais forcé de constater que la tension ne marche pas forcément, même si la créature est très bien faite.

• Question émotion, ce n’est pas mauvais mais ça manque un petit peu d’impact. Malgré qu’on sente tout le travail apporté pour nous donner de l’émotion, ça ne fonctionne pas forcément avec tout le monde.

Au final, Frankenstein est une nouvelle version du récit à découvrir car il vaut réellement le détour. On retrouve ce qu’on aime chez Del Toro tout en ayant un long-métrage très travaillé sur la plupart des aspects. La mise en scène est très bonne, les personnages sont très intéressants, les musiques sont belles, les costumes sont de qualité, les évolutions sont marquantes et la construction narrative est bien gérée. Après, il est vrai que la tension et l’émotion manquent un petit peu d’impact mais ça reste un long-métrage très travaillé qu’il faut découvrir si ce n’est pas déjà fait. Quel dommage qu’il ne soit pas sorti au cinéma car il aurait largement mérité d’être découvert sur un grand écran (comme son Pinocchio).

Seuls les monstres se prennent pour dieu