Un ( vrai ) bon navet

Par où commencer ? Véritable fan d'Al Pacino durant mon adolescence, je collectionnais ses DVD et forcement, je suis tombé un jour sur ce film romantique qui m'avait laissé une bonne impression lors de ma première vision de cette oeuvre il y a plus de dix ans.

Après second visionnage, mon avis est devenu plus critique tout en gardant une affection tendre pour ce "good movie".

Tout d'abord, je veux saluer l'excellente performance de Pfeiffer dans ce film. Bien que ça devait être une femme plus "lambda" à l'origine, on ne crache pas sur ce choix de casting tant l'actrice joue superbement la femme trentenaire célibataire qui voit sa vie comme un long chemin de croix entre solitude et une vie professionnelle ennuyante. C'est une bombe d'émotion variant entre crise d'angoisse, regard dans le vide et espoir. Vraiment, une superbe performance.

De l'autre coté, et là, je touche au sacré pour moi, je trouve qu'Al Pacino est une erreur de casting dans ce rôle. Ok on veut un "quinqua" érudit qui sort de prison, trop romantique pour être vrai, le personnage est déjà assez caricatural comme ça dans l'écriture pour mettre le Roi du theatre qu'est Al Pac. Parce qu'Al Pac il nous fait du Al pac dans ce role qui aurait merité un peu plus de pudeur dans l'acting a l'image de sa compagne de film. Ceci dit, je pointe plus le scenario niais que l'acteur. Parce que malgré tout, il est brillant dans des scènes, notamment une danse endiablée avec une partenaire de boulot.

En parlant de theatre, on ressent fortement le coté "pièce de theatre" du film. Lieux distincts, chaque scène de vie est poussée à son paroxysme. Il se passe toujours quelques choses en arrière plan, on crie, on rigole fort, on surjoue, on est sur scène. J'imagine aussi que c'était les codes du cinéma des 90'. Surtout pour les comédies romantiques dont le real' Marshall en est un ( piètre ? ) spécialiste.

D'ailleurs ce film aujourd'hui nous montre que le romantisme n'est plus. Le Al Pac' serait considéré comme un lourd, plutot beauf, qui force à vouloir sortir avec une Pfeiffer qui ne demande qu'à être seul ou bien à avoir un coup de foudre ( qu'elle ne semble pas partager avec ce dernier étrangement ).

Techniquement, mention très bien pour la Lumière et notamment celle de la scène de fin avec la symbolique de la brosse à dent dans l'acceptation de l'autre dans son intimité. Bordel, une scène de fin sur plus de 5 minutes sur le brossage de dent en couple, j'peux vous dire qu'on en fait plus des comme ça. Et vas y que le soleil irradie le visage de nos deux tourtereaux avec une musique de fond tellement cheap et tellement 90' à la fois. Et ya du sourire, ya du bonheur, ne manque plus qu'un plan du dentifrice qui se ferait prendre en sandwich par la main de nos deux amoureux façon spaghetti dans La Belle et le Clochard. Franchement, le parti pris de finir un film sur ça, c'est la marque des grands navets. De ceux qu'on aiment regarder.

J'ai une pensée également pour cette scène ou Al Pac' lance la musique avant de vouloir faire l'amour à sa dulcinée comme une star de cinéma. Vous voulez du kitsch ? Vous allez être servi.

En tout cas, c'est un bon moment de cinoche, déco, costume, maquillage, photographie, techniquement c'est efficace.

Disons juste que c'est un film de son époque avec des valeurs désuètes, un temps ou le romantisme était à la mode et ou on croyait encore à l'amour en couple comme vérité générale.