Mais quelle folie furieuse !
La grosse folie furieuse ! Celle qui déboule en rollers fluo, qui crache du Too $hort dans les enceintes de ta Boombox bardée d'autocollants et qui t’arrache un sourire débile avant même que t’aies compris ce qui t’arrive. Oui, je te tutoie.
Freaky Tales m’a fait un bien fou.
Un vrai shoot de plaisir comme je n'en avais pas ressenti depuis une éternité devant ce genre de productions généreuses, foutraques, décomplexés, fiévreuses et sincères.
Un truc qui te mélange horreur, drame, fantastique, comédie, kung-fu si ça lui chante et qui, miraculeusement, tient debout avec la même insolence que les vestes de jogging satinées et les chaînes en or XXL des années 80 - où l'action prend place.
Pourtant, ça part doucement.
Timidement même, avec des accents d'amourettes adolescentes. Ca laisse entendre son besoin de liberté au son d'un rock énervé avant d'aller le défendre, à coup de battes et de couvercles de poubelles cloutés, de bracelets à pointes et de chaînes prêtes à fracasser quelques gencives de Nazis. Un premier chapitre qui démarre judicieusement à la sortie d'un cinéma et qui ne laisse rien présager de la suite.
Au total, il y en aura quatre. Quatre chapitres, sans vrai lien apparent, si ce n’est des personnages qui se frôlent dans cette ville frappée par cette étrange lumière verte.
Et doucement, ça s’ouvre.
Ça se croise.
Et ça explose !
Oh joie !
Les dernières minutes sont une montée en puissance jubilationnelle (oui j’invente des mots quand je suis heureux), un déchainement de violence pulp.
Personnellement, j'ai été aidé par toutes ces petites choses qui font écho à mes goûts très personnels, que ce soit le rap flashy, "Peace Unity Love & Having Fun" et irrévérencieux aux accents de Slick Rick ou De La Soul, ou encore le basket NBA, mais...
Mais ce serait criminel de s’arrêter là.
Parce que Freaky Tales, c’est une bouffée d’air dans un film qui tente tout :
intro néon rétro, changement de formats d’image, grain qui disparaît, apparitions de dessins animés style bande dessinées, ruptures de ton, ruptures de rythme…
Un patchwork maîtrisé par deux cinéastes qui transpirent l’amour de leur terrain de jeu : Oakland, son histoire, son ambiance, ses sons, ses ombres.
Et puis, il y a de vrais moments d’anthologie qu'on voudrait rembobiner presque immédiatement :
- la battle de rap électrisante et drôle entre Danger Zone et Too $hort, voix off star d’Oakland qui se pose en conteur de sa ville,
- Pedro Pascal dans un vidéoclub, perdu au rayon cassettes, dans un face-à-face délicieusement absurde avec un Tom Hanks cinéphile possédé par son art et qui nous dresse une anthologie des films "d'outsider".
- Tom Mendelsohn, en maître du malaise, chacune de ses apparitions plus jouissivement détestable que la précédente.
- et ce final… ce FINAL… qui réinvente, en version quasi mythologique, l’exploit sportif de Sleepy Floyd, joueur des Warriors, contre les Lakers de Magic Johnson.
Une montée en transe. Un slam-dunk rageur.
C'est peu dire qu'Anna Boden et Ryan Fleck m’ont régalé.
Du début à la fin. En poussant le volume, chapitre après chapitre. En faisant monter la sauce jusqu’au moment où j'ai réalisé :
“Putain, je regarde un truc qui m’aime autant que je l’aime.”
Freaky Tales m'a fait un bien fou. Une machine à voyager dans le temps. Un film dopé par son atmosphère et sa violence qui a réussit à me rendre nostalgique d'une époque et d'une ambiance qui me sont inconnues.