Telle une miniaturiste façon Wes Anderson, sans la lourdeur technique de ce dernier, Sophie Letourneur peint les égarements de ses deux personnages principaux qui trouveront ensemble le moyen de redéfinir leur marginalité – lui vit tel un ermite dans une barraque à peine construite, elle erre dans une maison de maître sans personne pour la rassurer la nuit – et de recomposer un centre où s’équilibrer et se maintenir. Nul hasard si un chien les relie et matérialise leur condition paradoxale d’êtres solitaires par défaut, qui ne demandent qu’à être aimés pour ce qu’ils sont. La drôlerie de certaines situations, telle cette défilade de faux amants invités à passer la nuit, contribue à la tendresse d’un portrait de femme et d’homme différents ; dommage que le systématisme de la mise en scène contribue à les enfermer dans des vignettes répétitives qui cultivent le décalage facile, à l’instar du paquet de Pépito demandé par Benjamin Biolay mais décliné par l’artisan du coin – « on n’a plus de Pépito »... Une curiosité inaboutie mais attachante.