Gemini Man
5.2
Gemini Man

Film de Ang Lee (2019)

L'internaute 2.0 en mode intégriste est d'une prévisibilité qui me laisse parfois pantois. Car je suis sûr qu'il se contentera paresseusement d'attribuer l'échec relatif de ce Gemini Man au contrôle de Will Smith sur son image, sur son omniprésence pas bien, et surtout, à son appartenance à l'église de scientologie en plein flagrant délit de propagation de ses conceptions. Tu constateras donc, cher lecteur, que l'internaute 2.0 n'aura fait que recycler son avis sur le dernier Tom Cruise en ne faisant que remplacer, au final, le nom d'une star par un autre.


Il n'aura donc pas vu plus loin que le bout de son nez.


Il ne te parlera sans doute pas du fait que l'on a peine à croire, après deux heures de séance, que son intrigue ait pu figurer tout en haut de la *blacklis*t chère à Hollywood qui ne sait pas trop quoi faire de soi-disant putain de scénarios de malades.


Il ne dira sans doute pas plus que ce même scénario est caviardé d'un mélo sur l'absence d'origine étreignant le coeur de la copie numérique de Will Smith qui n'est pas à l'avantage du film. Tout en entrant par accident en résonance avec une nouvelle loi Macron créant la polémique sur le glissement sémantique entre procréation médicalement assistée et gestation pour autrui... Et en donnant un sens un peu malencontreux au film.


Comme il se passera bien de développer le fait que le film d'action promis, passée une séquence de poursuite en moto assez démente, attendra la fin de son exploit pour enfin lâcher les chevaux en faisant tomber les douilles par terre et en donnant de la tatane bien violente.


Entre ces deux scènes, hé bien, on se trouve plutôt dans une oeuvre un poil ramollo, qui ne sait parfois pas trop quoi faire de son pitch intrigant et au potentiel incroyable qui promettait beaucoup. Cela se laisse suivre, mais sans grand entrain, tellement le spectateur qui a payé sa place s'attendait sans doute à quelque chose de plus nerveux et inspiré.


Il pourra cependant trouver quelque satisfaction dans la technique du film. Il est en effet livré en 3D, propre mais assez dispensable pour le peu d'effets sur lequel elle repose. Il est en effet livré en HFR, même si, du côté du masqué, on regrettera le fait que ce format efface la patine et la texture propre à un long métrage de cinéma, comme si tout devenait « trop » réel. Mais le masqué restera sans doute un vieux con sur cet aspect de la cause.


Il y aura aussi the effet spécial assez bluffant du film : confronter le Will Smith d'aujourd'hui à celui de l'époque du premier Men in Black, dans un réalisme tout bonnement incroyable, dans un rendu sidérant, dans un naturel qui doit être déprimant pour les acteurs, qui, sans cesse, tentent de défier le temps. Et si le procédé hérissera le poil de l'internaute 2.0 intégriste, il aura le mérite de faire renouer une partie du public avec une star au temps de sa grandeur. Et d'éviter la performance de Will en mode « je veux mon oscar ! » d'un Seul contre Tous de triste mémoire.


Malheureusement, pour le reste, et malgré de jolis décors, Gemini Man se contente d'assurer le minimum vital, sans génie ni conviction, tandis qu'il ne transcendera jamais sa maigre condition de film pas-mal-sans-plus. Tout en faisant l'effort d'oublier que Looper s'en était bien mieux sorti, sur un thème similaire, et dépourvu des effets visuels de son challenger.


Ang Lee, lui, on l'aura connu bien plus concerné. Et c'est sans doute lui la plus cuisante déception de ce film, tant il apparaissait comme l'homme de la situation. Mais ce ne sont pas quelques plans subjectifs lêchés, ou encore l'usage de champ / contre champ signifiant, qui permettront au spectateur sortant de la salle d'exulter ou de crier, d'un air satisfait « Youpi ! J'ai vu double ! ».


A moins qu'il n'ait deux grammes d'alcool dans le sang...


Behind_Chérie ! J'me sens rajeunir !_the_Mask

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le 6 oct. 2019

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