Très fort et très paradoxale à la fois. D'un côté, on a une adaptation live du film d'animation original, (adaptation lui-même du manga d'origine), stylisé, pleine d'effets spéciaux plutôt bons, développant l'univers et le scénario, tout en respectant les thématiques sur l'humain, la cybernétique, l'interconnexion dans un futur proche, (même pitch de départ, la major, humaine au corps cybernétique fait partie de la section 9, avec son équipe, elle fait face à un une menace qui pirates les esprits)... Pour autant le film est kitsch à souhait dans sa mise en scène, reprend des scènes cultes du premier en les faisant en moins bien et du coup est totalement ringardisé par le film d'animation original datant de 1995.
Il y a des qualités, ce n'est pas une daube totale comme l'adaptation live de "La Belle et la Bête" sortis la semaine dernière, mais des qualités un peu trop effacées.
L'anim d'origine de Mamoru Oshii est d'une beauté rarissime, propose un univers sf envoûtant. Il avance de manière complexe mais très accessible pour autant, par sa narration linéaire, ses instants contemplatifs et ses alternances constantes entre réflexions sur la connexion humain-cyborg et ses scènes d'actions dantesques. Il prend le temps de développer son histoire, mais aussi un spectacle très élaboré, sublimé et en avance sur son temps au niveau de l'animation.
L'adaptation américaine évolue dans le même univers, mais vulgarisé et simplifié sans toutefois perdre de vue les thématiques de l'anim. Le scénario part du même principe et développe le côté humain du personnage du major. On a le droit à tout un background qui prend beaucoup de place, mais bien intégré à l'univers. Cet aspect était plus sous-entendu dans l'anim d'origine. Cela ajoute un peu plus d'émotion au final. Aussi l'esthétique donnée à la ville de Tokyo est plus colorée, un très fort rapprochement avec Blade Runner. Quelques plans d'ensemble ainsi que les effets spéciaux fonctionnent. Scarlett Johansson (le film est à sa gloire^^), Micheal Pitt et Juliette Binoche font le boulot.
Le problème, c'est que Rupert Sanders n'est pas Mamoru Oshii et qu'en terme de mise en scène et d'adaptation visuelle c'est le drame. ^^
Alors au choix entre les ralentis dégueulasses, le montage des plans mous de genou dans les combats, une incompréhension totale de l'espace filmé et du montage, des plans fixes qui n'ont rien à faire là dans certaines scènes, des gros plans sur les visages dignes des pires téléfilms, c'est la fête à neuneu. Sanders s'en tire sur les plans d'ensemble et l'esthétique grâce aux effets spéciaux mais en terme de montage et de mise en scène c'est au rabais total.
Le pire et c'est là que le film devient vraiment problématique, c'est lorsqu'il reprend quatre scènes emblématiques de l'anim et les refait presque plan par plan, mais en plus en version kitsch:


A savoir la scène d'intro avec l'arrestation qui dérape, la poursuite dans les rues de Tokyo, lorsque le major à sa combinaison de camouflage ainsi que le final avec le robot de la société Hanka. Le pire étant dans la scène de la plongée du major se terminant par une discussion avec Batoo. Une scène hautement philosophique et importante dans l'anim appuyé par un très bel effet de mise en scène qui ici devient une scène de transition anecdotique qui amène au final. Ces scènes comportent par ailleurs tous les défauts de mise en scène nommés plus haut.


Ça aurait été drôle, le film aurait pu être un nanar fun...
Mais non c'est un blockbuster kitsh et ringard au premier degré, sauvé par quelques idées développées dans son scénario, un bon rythme dans l'histoire et les acteurs qui font le job, sauf Beat Takeshi Kitano en mode "Vous me voulez, okai je suis là mais je m'emmerde".^^
Faut vraiment arrêter les frais ou engager de bons réalisateurs...
Ah l'adaptation tout un concept...

gc-thornhild-85
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le 29 mars 2017

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gc-thornhild-85

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