Knives Out premier du nom était bon, même très bon, avec son cadre étrange, sa famille excentrique et son détective surdoué. Ce film, en ce qui le concerne, n'est qu'une suite ratée comme on en voit des milliers, qu'une tentative (plus que réussie) d'amasser de l'audimat en brandissant l'égérie d'un premier film ayant eu un succès inattendu. Tout ce qui faisait la réussite du long-métrage original s'est vu ici épuré, mis au tapis, foulé au sol, pour une histoire aux-pseudo plot-twists, qui, non contents d'être mal écrits, sont affreusement prévisibles. J'ai juste envie de dire : c'est tout ? C'est tout ce qu'on nous propose en plus de deux heures de film ?


Là où le premier film réussissait brillamment à nous proposer des personnages tous plus louches les uns que les autres, ayant tous de bons motifs pour tuer la victime, ici tout a besoin d'être souligné et on prend le spectateur pour un idiot. Les motifs ne s'offrent plus à lui directement, non, un personnage vient faire le travail à sa place : "Regardez, au cas où vous n'auriez pas compris, on va faire une petite grille comme dans Cluedo pour vous montrer que tout le monde a un motif !". C'en est juste ridicule ; le pire étant que cela ajoute une acolyte au détective Blanc, ce qui casse l'idée de son talent, son mystère, et il ne devient qu'un assisté à son tour. L'histoire des motifs qu'on coche se résout en même pas dix minutes, comme ça, en plus d'avoir pris le spectateur par la main au lieu de lui laisser comprendre subtilement les choses, on ne revient pas dessus, non pas pour diriger le film vers une subite voie de finesse, mais au contraire pour montrer au spectateur une suite des événements encore plus convenue et ridicule.


En fait, le coupable est tellement prévisible qu'on perd tout plaisir de visionnage, on perd ce côté recherche qui était si plaisant dans le premier et qui ici encore se veut être la base du film. Je suis désolé, mais c'est juste nul, ce coup du millionnaire méchant que tout le monde déteste, évidemment que le tueur ce sera lui, c'est juste marqué sur son front. Rien n'est crédible, le coup où les meurtres commencent, il se cache derrière le détective en faisant la victime... C'est juste affligeant, c'est du vu et revu, un enfant de trois ans comprendrait tout de suite (mais peut-être est-ce le public que ce film vise).


Et le coup de la jumelle qui arrive pour venger sa sœur en se faisant passer pour elle... Et en fait, pourquoi pas, Le syndicat du crime l'a bien fait, mais au moins là tout le monde savait que John Woo en avait rien à foutre de l'écriture, qu'il avait juste trouvé ça entre deux verres pour que Chow Yun-Fat revienne tirer sur tout ce qui bouge. Pas là, pas dans un film qui se vante en plus d'être bien écrit... Mais cette jumelle donc, autant jusqu'à sa "mort" le film se tient, on se dit "d'accord, pourquoi pas, où est-ce qu'on nous mène ?", mais à partir du moment où elle rentre dans l'histoire avec ce flashback trop long où on nous remontre tout les évènements passés avec son point de vue, ça ne marche juste plus. On a bien compris que c'était elle... Laissez-nous et essayez de démêler une conclusion potable à cette catastrophe. Et hop, d'un coup (enfin après une heure de retour en arrière emmerdants à la mort), nouveau deus ex machina, elle ne meurt pas, la balle du tueur s'est vue arrêter par un carnet... Non, ce n'est pas une blague. Les fabricants de gilets pare-balles ont de quoi en prendre de la graine, elle est laissée sans égratignure, même obligée de se mettre du faux sang... Sérieusement ?


Évidemment, tout cela n'est qu'une facilité d'écriture pour pousser le film à son "climax" : la vengeance de ladite jumelle envers sa sœur, qui elle est réellement décédée. Hop, elle trouve la serviette sur laquelle elle avait eu l'idée de la compagnie Alpha, qu'elle a cofondée avec Bron, et voilà, hop, encore du plot-twist, celui-ci la brûle ! Quelle surprise ! Tout le monde est choqué. Et paf, le détective, qui a pris la jumelle en pitié, lui insinue de se venger. Et c'est parti, tout le monde casse tout pour se venger du méchant millionnaire tueur, et hop, sa villa explose, mais évidemment personne n'est blessé après coup. Je vous épargne la descriptions de ralentis m'as-tu-vu grossiers pour bien montrer que, quand même, la moutarde monte au nez des personnages, ils sont fâchés tout rouge face au méchant Miles Bron. La Joconde brûle en prime : le plus beau est la chute ridicule de Bron tentant d'empêcher la jumelle de le faire. Cette scène vaut de l'or...


Voilà donc pourquoi toute cette supercherie cinématographique ne prend pas avec moi, et avec d'autres sans doute, tout ces deux ex machina d'une nullité abyssale qui pourraient sortir de la tête d'un adolescent prépubère en quête de retournement de situation stylés, toute cette pseudo-intrigue grillée à des milliers de kilomètres et tout l'avancement du film vers ce final de vendetta affligeant de ridicule où le détective Blanc se découvre une âme de vengeur héroïque... Le pire est peut-être néanmoins le côté "fun" du film, avec ses caméos à la louche, ses références pop-culture dégoulinantes...


Et pas une seule fois Netflix ne s'est dit que ce n'était pas ça que les gens attendaient, que ce n'était pas ça que les gens voulaient voir, que tout ce qui avait fait la réussite du premier était bafoué, et ce jusqu'au personnage de Daniel Craig, que pourtant j'adore. Mais les gens ayant l'air d'apprécier ce genre de navet, pourquoi Netflix se poserait ce genre de questions ?

JeanFoutre
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le 26 déc. 2022

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