On ne croyait plus ça possible et, pourtant, c’est le cas : cet épisode n’est pas un reboot ! C’est une suite directe de Godzilla X MechaGodzilla. La Toho nous offre enfin un semblant de continuité durant cette ère Millennium. Pour une fois, un épisode vient donc adresser les questions laissées en suspend par le précédent. En l’occurence, le fait que MechaGodzilla ait été fabriqué en utilisant les os du tout premier Godzilla, et que celui-ci soit devenu hors de contrôle lors du premier essai du robot.
Mothra, le kaiju protecteur du monde, envoie les Shobijin prévenir les humains que le squelette de Godzilla doit reposer en paix au fond de l’océan et non pas être utilisé comme arme. Les humains sont évidemment réticents à s’en débarrasser, puisque MechaGodzilla est leur seule arme face à Godzilla. Les Shobijin informent donc les humains qu’en cas de danger, Mothra viendra à leur secours. Mais s’ils s’obstinent dans l’utilisation de ce squelette, il ne faudra plus compter sur Mothra. Le gouvernement japonais, qui depuis un an s’affaire à réparer MechaGodzilla, décide d’ignorer les Shobijin, alors que Godzilla est signalé près des côtes japonaises.
Le développement des personnages humains est quasi inexistant dans cet épisode. Yoshito Chujo est un mécanicien de MechaGodzilla à qui les Shobijin apparaissent. Azusa Kisaragi est une nouvelle pilote qui a eu une aventure avec Yoshito. Et voilà, c’est tout. Les seuls personnages qui ont droit à un développement sont ceux qui apparaissaient déjà dans Mothra en 1961, comme le docteur Shin’ichi Chujo. Et encore, il n’est là que pour réellement expliquer qu’il a un lien avec les Shobijin et a déjà vu Mothra.
Les effets spéciaux, par contre, sont de loin les meilleurs de toute la franchise Godzilla. La scène d’ouverture avec Mothra poursuivie par des avions de chasse est incroyable. La marionnette du papillon géant se fond à merveille dans le reste de la scène. Et tous les kaiju du film sont plus réalistes que jamais. Les plans avec les Shobijin sont réussis, on a l’impression qu’elles ne font que quelques centimètres. Et la CGI utilisée n’a plus rien à envier à certains films américains. Le seul réel problème du film tient dans son montage parfois incohérent. Par exemple, dans une scène, Mothra s’accroche à la tête de Godzilla pour le traîner sur plusieurs mètres et, à peine l’a-t-elle lâchée, que, sur le plan suivant, Godzilla est au sol en train de glisser à travers la ville. Comment s’est-il retrouvé à terre ?
Si le développement des humains est moyen, celui des monstres est bien meilleur. Le costume de Godzilla a encore été retravaillé et semble plus flexible. La raison du retour du lézard géant est également bien expliquée (il cherche les os du premier Godzilla) et nous permet en plus de mieux comprendre le film précédent. Lorsque Godzilla nage, il est désormais en CGI, ce qui lui confère une plus grande liberté de mouvements. Dans ce film, Mothra s’intègre parfaitement à l’histoire et aide particulièrement bien la sous-intrigue de la morale à progresser. Son design est plus proche de celui de l’ère Showa et ses ailes ne sont plus raides, elles ressemblent à un drapé qui s’agite au vent.
MechaGodzilla fait bien évidemment son retour pour se venger. À l’époque de sa sortie, des reproches avaient été faits concernant le style de combat de MechaGodzilla, qui est différent du film précédent. Mais il est bon de se rappeler que non seulement le robot a désormais un nouveau pilote (il est donc naturel qu’il possède un style de combat différent), mais aussi qu’il n’est plus le robot qu’il était, puisqu’il a subi un combat contre Godzilla et vient d’être réparé à la hâte. Son canon givrant Zéro Absolu n’a pas pu être réparé et est remplacé par une nouvelle arme, le Triple Hyper Maser, un laser électrique. Le robot ayant perdu une main durant le combat final du film précédent, elle est cette fois remplacée par une foreuse, qui va s’avérer très utile.
Godzilla : Tokyo SOS est une superbe suite, mais la Toho semble bien se rendre compte qu’on approche de la fin. À force de faire des reboots, on est un peu perturbé quand la première trace de continuité dans cette ère pointe le bout de son nez. L’histoire des humains est encore le point faible, mais celle des kaiju redresse le cap. Pour une fois, Mothra est utilisée à bon escient, ce qui est un véritable plus.