Martin, Martin, Martin : avec toi on s'ennuie jamais.

En 1995, près de 6 ans après le dernier James Bond en date avec Timothy Dalton, la licence fait son grand retour au cinéma entre les mains de Martin Campbell et avec le nouvel agent 007 Pierce Brosnan. Après un hiatus de 6 ans imposé à la licence et la démission du précédent acteur pour JB, l’avenir de la licence était incertaine mais le réalisateur, à qui l’on dont aussi le très chouette Casino Royale qu’il réalisera pour la même licence en 2006 et le superbe Le Masque de Zorro, redonnera un nouveau souffle à la saga avec cet opus, considéré par beaucoup de fan du gentleman anglais comme le meilleur opus.


De toute les licences, James Bond doit être avec Star Wars, Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux, une des plus populaires et ce depuis bien avant l’arrivée de la saga de George Lucas, de la terre du Milieu ou du sorcier à lunette. Produit à la base par Albert Broccoli et Henry Saltzman qui se sont entendu pour créer une saga de film en se procurant les droits du roman de l’auteur Ian Fleming, ce fut en 1962 que les studios de production United Artists donnèrent leur accord pour produire la saga sur l’agent double 007 et depuis, beaucoup de chemin a été fait.


Plus de 50 ans d’existence pour pas moins de 24 films, et pas moins de 10 réalisateurs ont contribué à construire la licence dont John Glen pour 5 films, ou encore Martin Campbell et Sam Mendès pour 2 chacun. 9 compositeurs dont le très talentueux Thomas Newman dernièrement, Eric Serra et John Barry qui a signé pas moins de 11 partitions (autant dire qu’il s’est essoufflé par moment), sans oublier beaucoup d’artistes qui ont écrit une chanson pour presque tout les James Bond (comme Tina Turner ou les Wings). De nombreux génériques crées et stylisés par Maurice Binder, la Vodka Martini de l’espion (ah oui, toujours), et bien sur 6 interprètes au total pour James Bond.


Mais pourtant, la licence a eu ses hauts comme ses bas et les comédiens qui ont enfilé le costume de l’agent britannique y sont souvent pour quelque chose : on est allé du pire (George Lazenby… non, juste non ! Et Roger Moore inégal) au meilleur (Daniel Craig et Sean Connery, la classe absolu), en passant par des plus anecdotiques comme Timothy Dalton et enfin Pierce Brosnan dans les années 1990.


Mais même avec les meilleurs, cette saga, j’ai toujours eu mes affinités comme mes réserves puisque même dans mes James Bond préférés j’ai souvent retrouvé les mêmes défauts ou qualités : un très bon interprète, un humour bien dosé et bien placé qui sait faire sourire, certaines scènes d’actions emblématiques et un côté glamour qui fait le charme de la licence. Mais de l’autre, par exemple les James Bond Girl m’ont très souvent déçu tant les romances (façon de parler) étaient souvent dénué de crédibilité ou bâclé (celles jouées par Lea Seydoux et Carole Bouquet en sont les meilleurs exemples), sachant que seul celle de Casino Royale joué par Eva Green m’a totalement convaincu sur ce point et que seuls quelques unes d’entre elles arrivent, à mes yeux, à avoir une vraie personnalité qui les rendent intéressantes.


Et pour les méchants on a eu à boire et à manger aussi (Christopher Walken en Max Zorin, Christopher Lee en Scaramanga et Javier Bardem en Silva étaient géniaux, sans oublier l’excellent sbire Requin. Mais Michael Lonsdale, putain le méchant de nanar !). Quant aux films, on a aussi eu le droit au meilleur comme au pire : la palme de la qualité allant à mes yeux à Opération Tonnerre, L’espion qui m’aimait et Skyfall sans hésiter (ainsi que celui-ci), et la palme du pire allant à Au Service de sa Majesté et Permis de tuer, ainsi qu’à Moonraker que je vous conseil de prendre comme un nanar de science-fiction (des pistolets lasers dans un James Bond, fallait le faire).


Et à la bonheur, GoldenEye est à placer dans la première catégorie, en fait c’est même le meilleur film de la licence que j’ai vu depuis Skyfall (pourtant superbe aussi). Ça devient réciproquement frustrant de ne pas voir Martin Campbell sortir plus souvent d’aussi grand film comme là ou Le Masque de Zorro car, que ça soit là ou dans Casino Royale, il privilégie toujours très largement les cascades et les chorégraphies aux effets visuels et à l’image de synthèse puisqu’ici les effets visuels truqués sont très rares et rendent les scènes d’actions ou d’infiltration que plus palpitante.


Campbell ne se contente jamais de filmer l’action de manière statique ou sans la rendre un minimum vivante. La caméra est toujours en mouvement et en quête d’une perspective de vue optimale lors des scènes de fusillade ou des combats à main nue, ou même d’infiltration comme le démontre l’introduction en U.R.S.S à l’usine d’armement chimique (alternant entre plan d’hélicoptère et caméra à ras de terre avec Bond courant le long du sommet du barrage, un ralenti lors du saut après une prise de vue en plongée du haut du mur), le tout avec la musique d’Eric Serra qui a été beaucoup critiqué à la sortie du film.


Chose que j’ai du mal à comprendre, je dirais même que musicalement c’est une nouveauté largement appréciable pour la saga vu que John Barry peinait continuellement à se renouveler dans ses dernières bandes-sons et qu’il se recyclait souvent. Les morceaux apportent une véritable ambiance de film d’espionnage, par contre la reprise du thème phare de James Bond au synthétiseur, ça marche pas, le résultat est juste horrible à écouter, mais la chanson de Tina Turner et le générique d’ouverture par contre, c’est sublime à voir et à entendre et relève bien le niveau comparé à d’autres chanson écrite pour les films James Bond.


Et si la direction artistique du film est de qualité, ça n’en est que plus entraînant. La photographie est très belle à l’œil nu en particulier lors des détonations en pleine neige rendant les plans de Martin Campbell aussi bon qu’explosif, le style du film reste sobre avec les gadgets de l’agent double 007 et le glamour et le chic qui font le charme des meilleurs films de la licence sont bel et bien présent.


D’ailleurs, en parlant de l’agent britannique, Pierce Brosnan est le 5ème acteur à incarner James Bond et sur ce point, aucune fausse note à répertorier. L’acteur déborde de charisme aussi bien en tant que gentleman qu’en tant qu’espion, et le film se permet de lui donner une mise en place bien soignée dans le contexte de l’époque ou se déroule l’intrigue afin que les néophytes aussi puissent apprendre à s’habituer à l’agent britannique. Du côté des personnages récurrent de la saga, M est incarné à partir d’ici par Judi Dench qui joue une M bien plus froide, décidée et impitoyable quant à son opinion sur Bond. Et sans doute ma M favorite parmi tous. Q est joué pour la dernière fois par Desmond Llewelyn, un visage qui restera longtemps en tête après avoir vu dans plus de 15 films de la licence. Et Moneypenny, la secrétaire attitré de la licence, est interprété par Samantha Bond (pure coïncidence, j’en suis sur) qui reprend le rôle, le job est correctement fait de sa part également.


Pour les nouveaux personnages, on a le fameux Sean Bean… je ne pense pas avoir besoin d’en dire beaucoup sur l’acteur (tiens tiens, Boromir dans un film James Bond ? Je me demande bien comment il va finir dis donc… ne venez pas dire que c’est du Spoiler, ça n’a rien d’une surprise), le personnage c’est autre chose. Alan Cumming vient jouer un programmeur à la limite du no-life (le même gars qui deviendra la star de X-Men 2 chez Bryan Singer), Famke Janssen, la Jean Grey première du nom dans X-Men, nous offre une nouvelle femme de main qui marque les esprits par sa manière d’être une assoiffée de sexe psychopathe sadomasochiste, sans oublier dans la catégorie des méchants le général Ourumov qui deviendra finalement assez secondaire.


Et Izabella Scorupco joue la James Bond Girl du film, bonne nouvelle, le personnage de Natalya est convaincante en tant que tel, vive et intelligente, elle apporte son utilité à l’histoire et joue un vrai rôle en tant qu’élément d’intrigue. Mais en tant que nouvelle James Bond Girl, on revient encore au problème récurrent que j’ai avec beaucoup de films de la saga sur ce genre de personnage.


Puisque niveau histoire, partons d’abord des défauts : la romance entre elle et James Bond est, encore une fois, mal amenée et peine à être pleinement cohérente. Je sais qu’à la base, on ne peut pas appeler ça de la romance au sens propre du terme puisque James Bond est un charmeur et un playboy qui drague à tout va, et cet élément n’est pas évident à exploiter sans rendre l’écriture bancale sur ce point.


Déjà dans Spectre je n’y croyais pas une seule seconde à l’amour entre James et Madeleine quand on sait par quoi est passé Bond durant plus de 50 ans de film. Seul Casino Royale a su rendre pleinement crédible l’aspect romance entre Vesper et James car le film avait eu la bonne idée d’adapter la toute première histoire sur l’agent 007 et donc de donner une nouvelle vision de James Bond et l’exécution était bien faite (c’est drôle de savoir que c’est Campbell qui fera cette suite).


Or ici, la romance entre Natalya et Bond est amené bien trop vite, ils ne se connaissent que depuis même pas une journée et malgré la bonne installation des deux protagonistes, l


e fait qu’ils s’embrassent et tombent sous le charme juste après avoir échappé à l’explosion d’un train n’a rien de crédible, tant pis.


Quant au méchant principal qu’est Janus, ça passe mais ça reste du très classique tant en terme de background que d’objectif. Honnêtement, à part pour sa gueule, je ne suis pas sur d’en garder de grand souvenir au bout de quelques temps.


En dehors de ça, le film a ses propres bonnes idées, à commencer par la modernisation du contexte dans lequel se déroule un film James Bond, comme le fond de l’intrigue après l’effrontément de l’U.R.S.S ou la relation ambigüe entre M et Bond qui est parfaitement représenté en une scène de dialogue. Par ailleurs, le fait que les touches d’humour de Bond soient moins présentes que d’habitude n’a pas été gênant. On ne peut pas être aussi drôle que Sean Connery dans Opération Tonnerre. Et vu qu’avec Roger Moore, l’humour britannique n’était clairement pas son fort, ce n’est pas plus mal de laisser cet aspect au placard pour une histoire plus sérieuse tant qu’elle est maîtrisée, ce qui est le cas ici puisque Martin Campbell mène brillamment le mélange film d’espionnage et d’action que ça soit lors des scènes de tensions ou lors des scènes de combats, notamment dans le climax.


Il me reste à découvrir l’ère Pierce Brosnan et un film de l’ère Daniel Craig pour finir ce cycle, mais parmi tout les James Bond que j’ai découvert, je n’ai pas forcément plus de choses à dire que la majorité des aficionados de 007 : GoldenEye est un excellent film et une belle renaissance de la saga James Bond qui apporte un vrai bol d’oxygène.
Ce film peut même être découvert sans avoir vu les ères précédentes, en tout cas si ce n’est pas fait et que vous êtes un fan de l’agent britannique, vous pouvez foncez dessus sans crainte.

Maxime_T__Freslon
8

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le 24 juin 2016

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