L’esthétique à vide
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le 11 avr. 2020
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Autant j’ai personnellement apprécié Longlegs, autant là ça part en vrille. La différence étant que Osgood Perkins, le réalisateur, n’a pas écrit le scénario de cette adaptation du conte des frères Grimm.
Le film peut susciter une certaine appréhension de tomber sur une bête version « woke » du conte, c’est-à-dire du militantisme sociétal grossier et inepte au détriment de l’authenticité, de la moraline publicitaire au lieu de faire de l’art. Et pour cause : l’inversion des noms dans le titre, la création du personnage du chasseur incarné par un acteur noir alors qu’on est en plein Moyen Âge germanique, la coupe de cheveux très garconne de la protagoniste, des enfants d’origine asiatique à la fin du film…
Cependant, le film s’assume comme étant hors du temps. Il est bourré d’anachronismes vestimentaires et architecturaux. Il y a un toboggan chez la sorcière.
La version jeune de la sorcière ressemble à une gothique contemporaine.
Admettons, ce ne serait pas un énième navet en mode girl power, mais un film nuancé sur l’émancipation. Gretel et Hansel parce que le film se focalise sur Gretel.
Le film n’en demeure pas moins lacunaire, notamment au niveau du scénario. On peut même subodorer des interférences de la part du studio dans le but de rendre le film plus compréhensif (la narration en voix off), moins ennuyant (la scène du chasseur) et plus mainstream (la fin).
Le personnage du chasseur n’a rien à faire là, il n’a même pas de nom, c’est pas Blanche-Neige bordel ! Le film en VO a d’ailleurs piqué une ou deux répliques au Magicien d’Oz .
What a world !
Le chasseur ne sert qu’à ajouter une scène d’action où il tue une créature interchangeable qui poursuivait les frangins. Il se trouvait juste là par hasard et on n’entendra plus parler de lui ou de la créature.
L’intrigue a tendance à trainer une fois arrivée à la maison de la sorcière. On abuse des séquences de rêves répétitives qui ressemblent à du remplissage alors que le film a de toute façon dans sa globalité une ambiance onirique assez marquée.
Une révélation tombe comme un pétard mouillé :
Alors que l’on supposait que la sorcière n’était autre que la petite fille du début du film, on apprend qu’il s’agit en fait de sa mère. Cette révélation n’a que peu de d’intérêt car on apprend juste que la sorcière n’est pas l’incarnation du mal absolu mais est devenue méchante par choix (sans blague !).
Il y a donc trois sorcières en tout : la petite fille, l’enchanteresse au visage masqué et aux doigts griffus et la mère qui devient la sorcière, principale antagoniste du film. Or, qu’est-il arrivé à la petite fille ? On ne le saura jamais alors qu’elle est introduite comme un personnage important.
On termine sur un trop classique happy end si ce n’est que Gretel se sépare de son frère tout en veillant sur lui.
Or, pourquoi Gretel se retrouve-t ’elle avec des doigts noircis comme la sorcière alors qu’elle veut faire le bien et sauver son frère ? On pourrait extrapoler que la fin d’origine était beaucoup plus noire que le résultat final…
Esthétiquement, le film est impeccable et Osgood Perkins est clairement talentueux mais le potentiel est clairement gâché, comme un clafouti sans cerises. Dans le genre, The Witch est plus abouti, plus pertinent et plus riche alors que les thématiques qu’il aborde sont assez proches, notamment la peur de l’émancipation de la femme.
À l’image de son personnage, Osgood Perkins ne devrait pas se laisser embarquer par la sorcière Hollywood. Il n’aura certes pas les mêmes pouvoirs, mais il nous confectionnera de bien meilleurs choses à manger.
Créée
le 21 sept. 2025
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