Comédie spatiale hors des voies habituelles de la navigation cosmique, adaptation loufoque du roman éponyme de Douglas Adams – que je n’ai pas encore lu – paru à la fin des années soixante-dix, The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy est un objet délirant et improbable, budget serré assumé,



mise en scène inégale, récit porté par l’absurde



et comédiens sympathiques, habités par les impératifs étranges, extrêmes, de leurs rôles. Sans prétention autre que celle de décaler dans les petites coïncidences du quotidien un voyage spatial aux allures de quête philosophique, le premier long-métrage de l’anglais Garth Jennings, s’il ne surprend pas par les tenants et les aboutissements de son propos, prête à rire assez régulièrement pour qu’une forme de tendresse nous lie alors à ses personnages et à leurs enjeux un peu minables, sans envergure.


Après une ouverture qui en déroutera plus d’un sur les raisons de l’irrémédiable, définitif, départ de cette espèce supérieure, les dauphins, l’homme continue de se perdre dans le morne et trépidant quotidien de l’existence sans se méfier un seul instant de ce qui l’attend. Globalement. Sans se douter de l’imminence de son éradication. Plus spécifiquement, la matinée d’Arthur évoque dérisoirement le désastre à l’œuvre : tandis qu’il tente de défendre sa petite masure isolée dans la campagne, menacée de destruction par une cohorte d’ouvriers venus y faire la place pour un futur échangeur routier, une armada de vaisseaux vogons stationnent autour de la Terre, s’apprêtant à pulvériser la planète entière pour dégager l’espace indispensable au passage d’une prochaine voie express hyperspatiale. Heureusement pour Arthur, son meilleur ami Ford n’est pas humain et l’embarque



en autostop à travers la galaxie.



Des bas-fonds répugnants d’un vaisseau vogon jusqu’au confort de palace de la navette présidentielle, Arthur et Ford rejoignent Zaphod et Trillian dans leur quête de l’ultime question de la vie - dont la réponse est 42 – en se guidant au hasard, à l’aide au générateur d’improbabilités infinies. C’est l’occasion toujours



d’ellipses absurdes et improbables, de décalages délicieux,



et parfois de séquences d’animation très réussies, simples mais merveilleusement intégrées à l’absurde chaotique de la narration. L’absurde donc, maître fil : dans un décor désertique aux relents steampunk, des pelles à claque jaillissent sans prévenir du sable, inattendues et violentes, pour toucher au visage ces germes d’idées qui tentent d’éveiller la créativité des visiteurs humains…


La grande question, la grande réponse.
Rien que le potentat de cette quête et le décalage de la mise en scène et de l’implication de personnages tout sauf sérieux disent combien l’absurde tend le récit complet si bien dans la forme car c’est le fond du propos que de



stigmatiser le non-sens de l’existence :



outre qu’Arthur nous interroge profondément quand il s’enquiert de ce qui est normal, de ce qu’est la normalité justement, le propos désagrégé du métrage derrière l’incohérence absurde, c’est évidemment le sens de la vie. Banal certes, bien amené.


Ainsi H2G2 n’échappe pas à la réponse universelle et se referme alors, après une heure et demi d’invraisemblances emboîtées les unes aux autres en un maelström solide, en comédie romantique un peu niaise. Ne pouvant comparer le métrage à l’écrit original, je me contenterai de signaler



le plaisir indéniable du divertissement, léger sans être totalement insensé,



et les itérations nombreuses et variées, cerises visuelles éphémères sur le cake spatial, d’un excellent travail artistique. Plaisir des partitions de Martin Freeman, Mos Def et Sam Rockwell également. Si l’ensemble fonctionne aussi bien c’est grâce aux comédiens qui donnent un relief tangible à l’absurde. Avec The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy, Gareth Jennings signe un premier film intéressant, assez novateur dans l’humour pour être noté, pas suffisamment cependant pour prétendre dès à présent construire une inoubliable carrière.

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le 10 avr. 2017

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Mesmaeker
9

So long, and thanks for all the fish.

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