Rien que le postulat de départ avec ce conclave qui ne se passe pas comme prévu était intrigant.Qu’allait faire Nanni Moretti de cette matière, lui qui est tellement habitué à brouiller les registres? Quelque part, l’acteur/cinéaste réussit encore la prouesse à nous faire interroger, si ce que l’on voit se dérouler est du lard ou du cochon et de quoi finalement le pape Melville est encore capable après son premier refus de devenir guide spirituel de l’église catholique.Au bout du compte,le cataclysme initial du conclave, c’est la dégénérescence de l’entourage du pape, de ses cardinaux, d’un garde suisse mais aussi l’apparition d’imposteurs.Volontairement, en endossant le rôle d’un psy pas capable de rassurer le pape, Nanni Moretti tend un miroir convergent à Melville.En effet, ce pape paralysé par son nouveau statut, s’avère, par patines, un être à la hauteur de ses doutes tandis que le psy les cache pour se livrer à des mises en scènes risibles.Là encore, Nanni Moretti en conjuguant l’audace narrative à des explications tout à fait sensées sur le cas Melville marque les esprits. J’ai trouvé que la durée suffisante du film, le jeu très contenu de Michel Piccoli et les événements discordants décrits permettent à Habemus Papam de captiver sans tomber dans une caricature outrancière. Je vous recommande le film si vous n’aimez pas les entreprises convenues, les effets gratuits et racoleurs, et leur manque de profondeur. Voir le pape comme un homme sceptique, maladroit mais conscient est un point de vue assez inédit.Jude Law, dans The Young Pope, offrait un autre pape discordant mais plus redoutable dans ses intentions.Habemus Papam mérite une attention particulière car Moretti a réussit un de ses films les plus complexes et aboutis.

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le 6 avr. 2020

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