Sous la fleur, le canon

Je suis profondément admiratif du travail de Kitano. Sa manière de poser les ambiances, de filmer les silences, de faire exister les personnages sans avoir besoin de mots superflus… Il y a ici une poésie unique, une tension magnifique entre douceur et violence, entre lumière et douleur.

Visuellement, le film est sublime. Il y a dans chaque plan une forme de calme étrange, presque un voile de plénitude posé sur des plans fixes (Je pense ici aux plans montrant le voyage, la mer, Horibe..). Et à l’inverse, la violence surgit par flashs, sans prévenir, de façon brute, sèche, soudaine. Comme si le film lui-même nous faisait ressentir les traumatismes, les regrets, les remords du personnage de Nishi. Rien n’est surjoué. Tout est contenu, retenu, mais ça explose intérieurement. J’aime énormément ces scènes de flashbacks, leur simplicité, leur émotion violente. J’aime tout autant la lenteur, les silences, les regards. La relation entre Nishi et sa femme, où aucun mot n’est nécessaire...

À chaque visionnage, j’ai l’impression de le découvrir pour la première fois. Hana-bi est un film sur le deuil, la culpabilité, l’amour silencieux, la rédemption par l’art. Un film tout en poésie, tout en douceur, malgré les éclats soudains de violence. Inoubliable. Merci Kitano.