"Tomorrow I will just be feeling the pain"

Here and Now, un film hommage de Fabien Constant à Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda sur une réflexion silencieuse (intériorité) d'une tragédie soudaine en 24h dans la vie d'une chanteuse de jazz (Sarah Jessica Parker). Poétique et lyrique, enivrant pour sa musique (Sarah Jessica Parker, Django Reinhardt, Steve Gray, Amie Doherty...) et ces bruits extérieurs parasites (New York) ramenant à la triste réalité.


Ce qui m'amène à voir ce film...Simon Baker ? Coupable. Mais, il a su prouver depuis les années 2010 une maîtrise plus assumée et audacieuse de ce qu'il est capable d'entreprendre de son métier premier d'acteur (The Killer Inside Me, Margin Call) et de son expérience inédite autour de Breath à la réalisation, production et scénario. Ici, rôle plus mineur sans être dépourvue de justesse et d'implication.


Le réalisateur...Un français ? Fabien Constant. Son premier film avec la sublime Sarah Jessica Parker, réinventée. Une alliance naturelle selon le cinéaste, qui se prolonge par son aide à la production.


L'univers se veut original-discret, esprit "Sundance", teinté de sophistication jazzy et surprenant lors notamment d'une authentique performance vocale en live, moment clé d'une détresse intérieure personnifiée par les mots (https://www.rollingstone.com/movies/movie-features/sarah-jessica-parker-rufus-wainwright-song-here-and-now-movie-753358/). De cette ambiance, nous y entrons vivement dès le générique d'ouverture de couleurs projetées plein écran se confondant entre elles, sur une composition musicale créée spécialement comme thème principal rattaché au personnage tourmenté de Vivienne. Dès l'instant d'après, nous faisons face au regard figé de l’héroïne que nous ne quitterons plus.


De ses 25 ans de carrière, la vedette du jazz se découvre une tumeur, opérable seulement pour retenir de quelques mois à peine le décompte prématuré de sa vie. Cette manipulation coûte en retour des troubles physiques de la mobilité non réversibles. Sa voix est condamnée à retentir dans ses pensées, seul exutoire à l'abandon. L'engrenage enclenché; le journaliste, producteur télé et désormais réalisateur, Fabien Constant livre son premier film de fiction.


Avec la star endormie des grosses productions Sarah Jessica Parker, se noue une collaboration sincère et en devient l’héroïne sous l'apparence d'une séduction divine. Blonde aux yeux bleus, chemisier bleu clair, jupe longue plissée et talons hauts, elle nous expose ses formes généreuses où seul son amant musicien en consomme la chair. Sa voix douce et enfantine est malmenée par les interruptions incessantes de sa mère, interprétée par Jacqueline Bisset (rêve du cinéaste). Sa rencontre fortuite avec la méconnaissable mais néanmoins excellente Renée Zellweger en caméo d'une vieille amie embourgeoisée, est insignifiante de sentiments réels. Vivienne se trouve confrontée à ses priorités révisées dans le temps : s'avouer vulnérable à l'inattendu (maladie).


La dernière partie du film aborde en une scène plus intime la question de la mort, l'amour et la foi lorsque la jazz woman mains liées avec son ex-mari, se confesse à demi-mot. L'Amour à mort d'Alain Resnais projeté devant eux, extériorise en parfaite allégorie ce qu'elle voudrait "crier" sans retenue. C'est dans la nuit noire, au pied du lit de sa fille délaissée qu'elle l'extériorise par des larmes avant de s'endormir jusqu'au petit matin.


Pour finir, Vivienne reprend son périple vers l'absolution de soi d'un apaisement final, grâce au soutien moral dans le non-dit d'un chauffeur privé, au caractère impulsif, rencontré plus tôt et à de multiples reprises avec qui elle finit sa course. De retour à l'hôpital, le chapitre se clôture de nouveau sur le regard figé de notre héroïne accompagné de son thème musical.


Présenté à la 44ème édition du festival de Deauville, Here and Now tourné en 16 jours seulement, n'est pas un énième long-métrage français qui se veut américain. Au contraire, il prend une température différente : New-York sert uniquement de toile de fond à la perdition de son personnage dans les grandes avenues de la ville, la bande originale nous offre quelques plaisirs nostalgiques de la chanson française tels que "L'Anamour" de Françoise Hardy ou "Si Belle et Inutile" de Lio comme écho à l'enfance de Vivienne, sans oublier les notes de jazz de Steve Gray pour contrebalancer.

Pauline-Sapis
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le 8 janv. 2019

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Pauline S.

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