Plus je vois des films de Hong Sang-soo plus j'aime ce réalisateur et plus je me dis que je ne pourrais voir que ça. Il tourne des films qui font juste la durée qu'il faut, ici c'est très court, à peine une heure, et il arrive à nous raconter son histoire, nous emporter, nous faire vivre ce que vit son personnage principal, c'est juste excellent.


J'aime sa manière de filmer la Corée, on dirait que tout est un petit village, un microcosme avec les mêmes personnages qui se rencontrent toujours au hasard, on se croirait vraiment dans un camping en vacances... D'ailleurs les vacances, c'est un peu l'un des sujets du film, le héros est un japonais en vacances, il veut retrouver l'amour qu'il avait laissé en Corée, il ne sait pas s'il la reverra, mais il voulait quand même venir. Franchement, c'est vraiment proche de Rohmer, on pourrait presque voir Melville Poupaud attendre que sa copine le rejoigne en vacances dans Conte d'été... et durant cette attente il fait d'autres rencontres... rencontres peut-être plus intéressantes que la fille qu'il attend.


L'intérêt du film vient également de sa narration, ici on suit donc cette fille que veut retrouver le héros, cette fille qui lit les lettres que lui a adressé son ancien amant, lettres qu'elle a faites tomber, qu'elle a ramassées en en oubliant quelques unes... et surtout qu'elle lit dans le désordre. Ainsi on n'a pas vraiment toute l'histoire... On a des bribes qu'il faut recoller, comme des souvenirs ou un rêve, ce qui donne un côté profondément mélancolique.


Et en parlant de rêve, comme dans In another country, Haewon et les hommes, parfois le héros se laisse aller aux rêves, à son fantasme... renforçant le tragique lors du retour au réel.


J'aime le côté désabusé du film, on a un type qui espère retrouver l'amour perdu, mais qui ne se fait pas trop d'illusion malgré tout... il espère... il est mélancolique...


C'est vraiment beau.


Et puis il y a les rencontres qu'il fait, dont cette serveuse de café, serveuse avec qui il partage la dernière scène, d'une atroce banalité, triste.


En fait ce film, quasiment intégralement tourné en anglais, rappelle forcément les moments où l'on est seul à l'étranger, les rencontres, les gens qui veulent discuter, les gens qui veulent parler... et voir le film sans sous titre (enfin juste pour les parties en coréen) renforce encore l'immersion, je me suis vu en vacances à Séoul, à communiquer avec les locaux en anglais avec mon accent français et essayer de piger ce qu'ils me racontent...


J'ai vu un film qui donne envie de découvrir ce « petit village » qu'est Séoul... et ceci même si c'est une visite triste ou mélancolique. HSS arrive parfaitement à capter ce que c'est que d'être à l'étranger, seul... avec rien de particulier à faire... de se lever à 5h de l'après-midi, de ne même pas forcément pouvoir profiter de tout ce qu'a à nous offrir le pays dans lequel on est.


Hill of Freedom arrive en une heure à peine à retranscrire un peu tous les états, tous les souvenirs, du voyage, ce qui me parle tout particulièrement...


D'ailleurs je parlais de Rohmer au début, en disant que ça pourrait presque ressembler à Conte d'été, mais on serait presque plus proche d'un conte moral, quelqu'un qui veut retrouver son amour perdu, qui est tenté (bon là il cède) et puis il y a cette fin... montrant qu'on n'est pas dans un conte... nous ne sommes pas totalement chez Rohmer.
Un non-conte, non moral en fait... Mais ça en garde malgré tout la saveur...

Moizi
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le 4 avr. 2020

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Moizi

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