"Hoffa" est le récit réducteur d'une biographie qui ne retient du syndicaliste James Hoffa que son charisme auprès des foules et son parcours médiatique. Aucune indication sur les convictions syndicales de Hoffa, aucun caractère psychologique ne viennent étoffer le portrait. Jamais ce personnage important des Etats-Unis n'a droit à l'intimité et aux révélations qu'elle devait apporter. Danny de Vito se limite à raconter l'ambition d'Hoffa, son désir de conquête et, surtout, ses compromissions avec la mafia. A tel point que le film semble parfois pencher vers le thriller italien, tellement à la mode depuis Scorsese.
Jack Nicholson, transformé physiquement pour l'occasion, restitue avec talent l'ambiguïté de son personnage. Ange ou démon, le film s'abstient volontairement de donner une réponse tranchée. Le réalisateur se montre assez habile dans les scènes spectaculaires mais son film n'étant conçu qu'à partir de quelques anecdotes, il ne porte pas très loin. D'autant que De Vito, plus ou moins narcissique, a tendance à vouloir voler la vedette -tout au moins la partager- à Nicholson et à hisser son personnage de faire-valoir insignifiant au même rang.