Décidément les Coen en carrière solo, c'est pas la folie. Même si "Honey Don't!" est à mes yeux un cran au-dessus du naufrage "Drive-Away Dolls", on ne peut pas pour autant dire que Ethan soit parvenu à redresser la barre durablement. Il y a toujours eu une tonalité décalée dans l'humour des films du duo de frangins mais vraiment, incorporé dans cette recette, je n'adhère absolument pas. En réalité, j'ai la sensation qu'on s'arrête sur le seuil de la porte du grotesque, sans réussir à aller au-delà. Un film qui brille par sa superficialité, multipliant les thèmes et les personnages sans jamais rien approfondir : au terme du visionnage j'ai l'impression d'avoir vu défiler énormément de choses sans avoir eu le loisir de pouvoir m'arrêter sur quoi que ce soit. Pourtant on sait qu'en matière de néo-noir surfant sur une atmosphère thriller / comédie, il est possible de produire quelque chose de constructif.
Mais ici, rien. Margaret Qualley (la fille de Andie MacDowell, je viens de découvrir) rempile chez Ethan dans une autre farce un peu plus sérieuse mettant en avant des personnages homosexuel avec beaucoup de franchise. Ce qui donne l'occasion à papy Coen de s'amuser en nous montrant des scènes de sexe lesbien et d'autres sadomasochistes incluant Chris Evans en pastiche de pasteur séducteur, malfaiteur et lubrique... Il a l'air de beaucoup s'amuser en réalisant ces séquences, mais de ce côté-ci de l'écran les pérégrinations de la détective privée sont passablement inintéressantes. "Honey Don't!" enchaîne les moments baroques, s'amuse beaucoup avec des personnages décalés (comme celui de Aubrey Plaza) et des twists puériles... Pour un résultat légèrement moins vain et moins fatigant que le précédent Coen, à peine plus drôle, mais globalement assommant et inconsistant. Un film plein de circonvolutions qui semble n'aller nulle-part, qui m'a réveillé au générique final grâce à la voix de Wanda Jackson pour sa reprise éponyme de Carl Perkins.