Retour à la terre
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Hier, j’ai vu un film sur l’Amérique. C’était un western. Ça ne pouvait être qu’un Western. Tous les personnages étaient de petits bouts d’Amérique. Beaux et ignobles. Violents et attachants. Sanguinaires et sensibles. Des tueurs. Perdus dans ce grand pays. Trop grand pour eux. Comme des enfants qui se prennent les pieds dans un pantalon beaucoup trop long. Chaque petit bout d’Amérique avait ses raisons pour tuer. Ses raisons bien à lui. Parce que c’est leur travail, qu’on leur demande, qu’on leur ordonne, par vengeance, à la mémoire de ceux qui sont déjà tombés, pour sauver leur peuple, pour voler des chevaux, pour protéger leur terre, pour se sauver. Pour ne pas être tué. Parce que c’est ce qu’ils savent faire, ce qu’ils ont toujours fait, ce qu’ils sont. De petits bouts d’Amérique.
Ils traversent ce grand pays. Immense. Magnifique. Le hantent de leur présence fantomatique. Du Nouveau-Mexique au Montana. Du désert rocailleux aux montagnes verdoyantes. Lentement. Perchés sur le haut de leurs chevaux, coincés quelque part entre le sol et l’horizon. La conscience tiraillée. Sur leurs gardes. Prêts à tirer. La mort les attend, cachée dans le silence. Entre deux falaises orangées, derrière un arbre aux grandes feuilles tombantes, le long d’une rivière transparente. Sous un gros soleil jaune, dans une flaque creusée par la pluie, derrière les étoiles gelées. Dans le reflet d’un miroir. Ils attendent qu’elle se montre. Les petits bouts d’Amérique se rencontrent et s’entre-tuent. Laissent un sillon de corps et de sang sur cette terre abandonnée par les dieux. L’ennemie importe peu. Ils craquent ou continuent.
Puis arrive le train, une grosse locomotive noire qui crache d’épais nuages de fumée, des rails comme pierre tombale, et les petits bouts d’Amérique, ceux qui ont survécu, s’en vont vers l’Amérique moderne.
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le 22 mars 2018
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