Il y a d’innombrables films tristes et durs qui relatent les histoires de personnages aux lourds passés mais celui concernant les personnages d’Hostiles m’ont particulièrement touché.
La conquête du nouveau monde à visiblement été une très longue période de souffrances et de guerre qui ont menés l’humain à l’inhumain ; et, de ce fait, Hostiles met en image et en mutisme cela à travers Joe Blocker, ses hommes et ses rouges (les anciens, ceux de peau). Outre ses petits extraits de violences évidentes, si ce n’est inévitables, aux films de ce genre, l’évolution d’un protagoniste dont la haine des indigènes n’a d’égale que son mépris de la nature humaine, Hostiles n’a finalement rien de neuf à proposer.


Le film se construit petit à petit jusqu’à arriver à une fin dont l’évidence est telle que cela m’a rappelé à quel point je n’en avais plus vu la couleur depuis longtemps : Joe se réconcilie avec ses pires ennemis, il récupère une récente veuve sans famille et trouve l’amour et toutes les âmes perdues d’un temps ancien sont vouées à disparaître… ou a évoluées.
En revanche, un passé profond et incessamment évoqué durant tout le film rappel une époque et des actes abominables. Et là, où le style se détache des autres films de ce type, le mutisme y est omniprésent, on en parle qu’a moitié ou pas du tout, on se regarde, on se sent. Une époque dont les personnages ne sont visiblement pas fiers et dont il souffre que ce soit du côté de Rosalie, la jeune femme retrouvée dans sa maison brûlée ou bien Tommy, le partenaire de longue date de Joe. Le monde est horrible et surtout, d’une indifférence illustrée par des beau plans larges. On le sent bien tout du long.
D’autant plus que le film s’ouvre avec cette citation de D. H. Lawrence, “The essential American soul is hard, isolate, stoic and a killer. It has never yet melted.”. Cela m’a fait penser à un monde horrible qui ne s’est, en effet, jamais adoucie mais qui dans l’espoir d’une vie nouvelle entre Joe et Rosalie, tend à devenir meilleur et égal entre les hommes.


Tout cela dit, je ne comprends pas pourquoi cela m’a parcouru d’autant d’émotions, et puis, un instant et je comprit. Max Richter. Si l’on coupe le son, le film n’apporte effectivement rien de nouveau et le mutisme n’a de valeurs que nos protagonistes mais avec la musique tout devient puissant. La nature, en plus de Christian Bale, avec la musique de Richter sur un ton dramatique m’a étrangement rappelé Knight Of Cups de Malick. Le personnage sombre petit à petit au fur et à mesure de sa procession dans une mélancolie qui lui permet d’atteindre le point de non-retour. Il devient non seulement un homme torturé mais un homme optimiste.


Si Hostiles évoque des personnages au lourd passé et leurs difficultés à vivre avec, il est d’autant plus difficile au cinéaste S. Cooper d’innové après toutes les légendes déjà existantes (Il était une fois dans l’Ouest, Impitoyable, True Grit).

DYSPSYD
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le 14 mai 2021

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