A brainless skull makes a bigger hole for deepthroats

Bon, les auteures se sont bien améliorées depuis "Sexy Baby" ; espérons que le prochain film sera encore mieux.

Cependant, on retrouve les mêmes défauts : un traitement superficiel. Le sujet m'intéresse, du coup j'aurais bien voulu qu'on creuse un peu plus les personnages et les situations. Les réalisatrices s'éparpillent moins mais s'éparpillent tout de même en suivant plusieurs sujets en même temps : cela pose problème dans le sens où seule Stella May sera vraiment suivie jusqu'au bout alors que les autres seront laissées de côté assez vite. Pour tout ça, le docu apparaîtra superficiel (d'ailleurs, une fois de plus, on ressent que les auteures n'ont fait aucune recherche, elles ont trouvé quelques chiffres qui vont dans le sens de ce qu'elles ont à dire, sans citer de source).

Malgré tout, il faut bien admettre qu'li s'agit là d'une propagande bien menée, bien construite. On nous présente des jeunettes écervelées (le fait que les interviews soient superficielles renforce ce sentiment ; si ça tombe elles sont super intelligentes mais passent pour des idiotes parce qu'on ne les laisse pas s'exprimer très longtemps et je suis sûr qu'elles ont plein de choses à dire qui sont intéressantes) qui voit dans l'industrie du porno la liberté qu'elles n'ont jamais pu avoir, le luxe, le plaisir. Petit à petit, elles se rendent compte des défauts de ce milieu, elles se rendent compte que tout n'y est pas rose et que le prix à payer est parfois très lourd. Dès lors on en arrive à cette magnifique scène de rédemption si je puis dire, où la jeune fille quitte le porno après avoir parlé avec sa famille et son amoureux. Arrivé en fin de film, on ne peut penser qu'une chose : le porno, c'est le mal !

C'est un peu triste de résumer cela. Surtout qu'une intervenante ose dire que tout n'est pas blanc ou noir, mais vu comment elle est filmée, elle passe pour une idiote (forcément, elle vient de dire qu'on lui a fait des choses super dégradantes, passer directement à une telle conclusion, sans la moindre construction argumentaire, c'est la faire passer pour une greluche). D'ailleurs, les auteures ne prennent pas le risque d'interviewer des mecs ou des actrices qui sont dans le milieu depuis plusieurs années qui pourraient certifier que tout n'est pas noir dans ce business 'juteux'. Enfin, je trouve que c'est un film un peu racoleur et du coup, cette manière de procéder (manipulation d'images et des actrices) ne vaut au final pas beaucoup mieux que l'industrie qu'elles pointent du doigt. Parce qu'au final, ce sont elles qui profitent de l'industrie pour faire leurs petits films vindicatifs sur le porno (je suis curieux de voir quel sera leur prochain projet). Au même titre, la manière dont la famille convainc Stella d'arrêter fait un peu mal : forcément, quand plein de gens te disent quoi faire, tu finis par le faire, obéir. Je ne pense pas qu'elle avait plus de liberté en faisant du porno, je pense que la liberté est un rêve, on est toujours l'esclave de quelque chose ; la famille n'aura réussi qu'à la rendre esclave de ce qui est accepté par la société et non plus par quelque chose qui est considéré comme 'mauvais'.

D'ailleurs c'est encore plus dommage de ne pas avoir concentré le docu uniquement sur Stella parce qu'alors il aurait été intéressant de voir sa nouvelle vie ! C'est là qu'est le vrai sujet pour moi : découvrir les gens, qui ils sont. Comment une ancienne star du porno vit sa vie de couple rangée ainsi qu'un job 'normal' ? Comment le mec vit avec ça ? On voit bien un peu dans ce docu l'impact que cela a sur lui, mais je trouve qu'au final, ce type a quand même convaincu sa copine de changer de métier. Cela lui donne un certain pouvoir sur elle. Voilà qui est intéressant.

Maintenant, je n'ai rien contre le point de vue de ces deux réalisatrices. Elles n'aiment pas le porno ni l'industrie du sexe de manière générale. Nous ne sommes pas d'accord. Je trouve ça juste dommage que leur point de vue soit à chaque fois exprimé de manière aussi simpliste, sans tenir compte de tous les paramètres. Parce que dénoncer le porno, c'est facile, y a justement des tas de bouquins qui auraient pu leur être utile pour aller plus loin.

En plus, niveau mise en scène, il y a moins d'effets de style. Le montage est même vicieusement bien pensé, puisque sans avoir recours à la voix off, elles font comprendre, par le silence, par des longs plans sur des visages inquiets, que le porno est mauvais. Donc il y a de la qualité, il y a une nette progression depuis "Sexy Baby". Mais c'est dans la manière d'aborder le sujet, je pense que ça pourrait aller beaucoup plus loin, sans même changer le fond de leur pensée. Là, ça m'a paru un peu facile, superficiel.

Bref, "Hot girls wanted" se regarde facilement pour peu que l'on puisse supporter les convictions des deux auteures ; ce qui déçoit, c'est que ça n'aille jamais très loin dans la démonstration.

PS : au moins, grâce à ce film, j'ai découvert Stella May ; je vois qu'il reste quelques vidéos sur xvideos ! Dommage qu'elles ne fassent que 5 minutes, mais c'est déjà mieux que rien. Et en plus il y a la vidéo de bondage dont elle parle dans ce film.